La Presse capitaliste est "libre". Vous y croyez ?

La grande presse capitaliste serait "libre", "neutre" "démocratique" et "indépendante". Elle n' est pas censurée, nous dit-on... En réalité, nous payons pour obtenir des scoops, des informations manipulées, destinés à fabriquer notre opinion. Elle vit principalement de la publicité reçue des grosses sociétés multinationales.

lundi, août 22, 2011

Cinéma révolutionnaire – Dimanche 21 août 2011 - Spartacus - Stanley Kubrick - 1960

Subject: Cinéma révolutionnaire – Dimanche 21 août 2011 - Spartacus - Stanley Kubrick - 1960

Cinéma révolutionnaire – Dimanche 21 août 2011

SPARTACUS

Un film de Stanley Kubrick

Avec Kirk Douglas, Laurence Olivier, Jean Simmons, Charles Laughton, Peter Ustinov, John Gavin et Tony Curtis

Titre original : Spartacus

(États-Unis)

Année : 1960

Durée : 3h05mi

Lien Internet : http://www.dailymotion.com/widget/jukebox?list[]=%2Fplaylist%2Fx15zk2_MSILA28_spartacusla-revolte-des-esclave&skin=default

Empire Romain 69 avant Jésus-Christ. Une révolte de gladiateurs a lieu dans l'école de Capoue dirigée par Batiatus. Un esclave de Thrace, Spartacus, en prend la tête. Aimé par Varinia, entouré d'amis fidèles comme Antoninus, Spartacus et son armée se replient sur les flancs du Vésuve. Envoyée pour les attaquer, la garnison de Rome commandée par Glabrus, est décimée par l'armée de Spartacus. A Rome, les événements inquiètent le Sénat. Des centaines d'esclaves s'enfuient chaque jour pour retrouver les insurgés. Un seul homme peut désormais prendre la direction d'une armée puissante pour la vaincre Crassus. Mais il réclame le pouvoir absolu pour prix de ses services… Gracchus, le sénateur de la plèbe, dont les convictions sont démocratiques, est contraint de s'incliner. Cette fois, Spartacus est vaincu et les esclaves survivants sont crucifiés le long de la voie Appienne. Gracchus est alors destitué sur ordre de Crassus. Avant de se suicider, Gracchus affranchit Varinia et son enfant. Celle-ci s'enfuit avec l'aide de Batiatus. Spartacus meurt sur la croix, mais son fils sera un homme libre.

Quelques notes d'Antonio Artuso (Reconstruction communiste Canada)

Notes génerales :

1) Sur Spartacus - http://fr.wikipedia.org/wiki/Spartacus :

Spartacus était un esclave et un gladiateur thrace. Il dirigea la Troisième Guerre servile en Italie du Sud entre -73 et -71. Les détails de cette révolte d'esclaves sont bien connus, par un chapitre de l'historien romain Florus dans son Abrégé d'Histoire romaine, repris dans les Guerres civiles de l'historien grec Appien. Un autre historien romain, Eutrope, en a fait un bref résumé au iv siècle dans son Abrégé d'histoire romaine.

Son histoire est devenue célèbre pour le grand public grâce au film scénarisé par Dalton Trumbo, commencé par Anthony Mann et terminé par Stanley Kubrick, réalisé en 1960.

2) Spartacus et Jésus – deux crucifiés dont l'histoire a frappé l'imagination de l'humanité - Lutte de classe ou collaboration de classe?

(1) Spartacus (né vers 100 et mort vers 71 avant l'ère chrétienne) et

(2) Jésus de Nazareth (né, selon le dictionnaire Robert 2, vers 4 ou 5 et mort en 28 ou 28).

Selon (1) les écrits des évangélistes, puis (2) selon l'Église clandestine, et enfin (3) selon l'Église acceptée par l'empereur Constantin (conversion, selon la théologie de la libération, des chrétiens en personnes soumises à l'État esclavagiste puis aux autres États – féodal et capitaliste), Jésus proposait la collaboration entre 2 classes : (1) celle des propriétaires d'esclaves et (2) celle des esclaves. Les esclaves devaient obéir à leurs maîtres et les maîtres devaient aimer leurs esclaves).

Spartacus, au contraire, a mené une lutte révolutionnaire armée pour la destruction de la classe dominante et l'instauration d'un État où il n'y aurait plus que des êtres humains égaux.

3) Sur le scénariste Dalton Trumbo - http://fr.wikipedia.org/wiki/Dalton_Trumbo :

Vikipedia – Trumbo a été considéré comme communiste sur la "liste noire d'Hollywood" et ne peut travailler dans le cinéma aux Etats-Unis.

[…] La consécration (1960-1976) - Il sort officiellement de la liste noire en 1960, lorsque Otto Preminger pour Exodus, demande que Dalton Trumbo soit crédité sous son vrai nom au générique. La compagnie United Artists, de tradition libérale et de gauche, accepte. Kirk Douglas fait alors rétroactivement la même chose avec le film sorti la même année, Spartacus, réalisé par Stanley Kubrick.

En 1971, il réalise son unique film, une adaptation de son roman Johnny s'en va-t-en guerre. [Film important et très peu connu].

4) Sur Stanley Kubrick - http://fr.wikipedia.org/wiki/Stanley_Kubrick -

Spartacus était un esclave et un gladiateur thrace. Il dirigea la Troisième Guerre servile en Italie du Sud entre -73 et -71.

Les détails de cette révolte d'esclaves sont bien connus, par un chapitre de l'historien romain Florusdans son Abrégé d'Histoire romaine, repris dans les Guerres civiles de l'historien grec Appien. Un autre historien romain, Eutrope, en a fait un bref résumé au ive siècle dans son Abrégé d'histoire romaine.

Son histoire est devenue célèbre pour le grand public grâce au film scénarisé par Dalton Trumbo commencé par Anthony Mann et terminé par Stanley Kubrick réalisé en 1960.

Vie avant la révolte

Article détaillé : Troisième Guerre servile.

Né peut-être vers -100, Spartacus était un Thrace de naissance libre, originaire de la tribu des Maides, installée dans le sud-ouest du pays, près du fleuve Strymon, selon Plutarque.

S'il n'a pas été rebaptisé par un maître, Spartacus peut correspondre à un patronyme thrace — « Spartokos » ou « Spardokos » — et au nom d'une ville de Thrace, Spartakos. La plupart des sources antiques en font un berger, mais certaines affirment qu'il appartenait à une famille princière1.

Appien indique sans grande précision que Spartacus a servi dans une légion, qu'il a été fait prisonnier de guerre et vendu. On peut supposer qu'il a été enrôlé de force comme auxiliaire, et qu'il était un déserteur, repris et vendu comme gladiateur. Conduit à Rome pour y être vendu, il fut acheté par un laniste (marchand de gladiateurs), Caius Cornelius Lentulus Vatia, qui l'emmena dans son école à Capoue1. D'après Plutarque, sa femme, qui était « originaire de la même tribu que lui » et « devineresse sujette aux transports dionysiaques », l'accompagna à Rome quand il fut vendu, puis durant la révolte2. Prêtresse de Dionysos, elle peut avoir joué un rôle important dans le déclenchement de la révolte1.

La rébellion des esclaves[modifier]

À l'été -73, 200 gladiateurs de l'école de Lentulus Battiatus complotèrent pour retrouver la liberté, mais furent dénoncés. Prenant les devants, entre 703 et 78 gladiateurs4 réussirent à s'évader. Après s'être emparés de chariots transportant un stock d'armes destinées à une autre école de Capoue, ils ne se dispersèrent pas, mais traversèrent la Campanie en direction de la baie de Naples, où ils furent rejoints par de nombreux travailleurs agricoles — esclaves fugitifs et hommes libres — des latifundia et se réfugièrent sur les pentes du Vésuve. Trois hommes furent élus chefs, Spartacus, Crixus et Œnomaüs5. Spartacus, un parmularius (ou thrace) ou un mirmillon selon Florus6, et ses compagnons parvinrent à vaincre les quelques gardes régionales envoyées par la ville de Capoue et complétèrent ainsi leur réserve d'armes. Pour subvenir à ses besoins, la petite armée commença à organiser des razzias sur les exploitations agricoles de la Campanie. Spartacus ne cessait alors d'attirer non seulement des esclaves, mais aussi des petits paysans et des bergers, organisant ainsi une armée.

L'armée servile battit alors 3 000 Romains commandés par le préteur Gaius Claudius Glaber, grâce à une ruse de Spartacus. En effet, ce dernier fuit le volcan où il était assiégé par un versant raide, et avec l'aide d'échelles faites avec des sarments de vignes. Dès lors, Spartacus rassembla de plus en plus de combattants. Rome ne le considérait pas comme une menace et le sous-estimait beaucoup. Les autorités romaines n'envoyèrent d'abord que deux nouvelles légions, dirigées par deux autres préteurs pour stopper la rébellion. Les autres légions étaient accaparées par la révolte de Sertorius, en Hispanie, et par le conflit avec Mithridate VI, en Orient.

À ce moment, l'armée des esclaves se sépara. 30 000 hommes suivirent le gladiateur Crixus en Apulie et le gros des troupes montait vers le nord par les Apennins. Tandis que Crixus était tué et ses troupes massacrées, lors d'un premier engagement près du Mont Gargano, Spartacus vainquait dans le Picenum les légions engagées contre lui et dirigées par le consul Lucius Gellius Publicola, soit 16 000 Romains mis en déroute. Pour venger la mort de Crixus, Spartacus organisait des jeux funèbres durant lesquels 300 soldats romains faits prisonniers furent contraints de s'entretuer dans un combat de gladiateurs.

Spartacus se dirigea ensuite en direction de Modène dans la plaine du Pô, vainquit l'armée du proconsul de Gaule cisalpine devant la ville puis fit demi-tour vers le sud de l'Italie. Il vainquit à nouveau les armées consulaires et s'installa à Thurii. De là, il commerçait avec les peuples de laMéditerranée, faisait des réserves d'armes, de bronze et de vivres. Il partit ensuit pour le Rhegium. Son objectif était de passer en Sicile pour ranimer la Deuxième Guerre servile qui avait ravagé cette île en -100. Mais les pirates ciliciens, avec qui Spartacus avait passé un accord, le trahirent et Spartacus se trouva coincé à la pointe de l'Italie.

Pendant ce temps, le Sénat romain conférait à Crassus, riche et ambitieux, le commandement d'une armée de quatre légions. Crassus engagea les opérations, et finança une armée supplémentaire composée de six nouvelles légions de vétérans sur ses deniers personnels. Il ne cherchait pas à engager le combat avec l'armée de Spartacus, dont il se contentait de contrecarrer les raids lancés dans un but de ravitaillement.

Un de ses légats, désobéissant à ses ordres, attaqua une partie des troupes de Spartacus avec deux légions (8 000 hommes), et subit un désastre. Pour faire un exemple et impressionner les esprits, Crassus n'hésita pas à remettre en usage un châtiment qui n'était plus pratiqué : celui de la décimation. Un dixième des soldats du premier rang, principalement responsables de la déroute, furent ainsi fouettés puis mis à mort.

Crassus entreprit de bloquer Spartacus dans le Rhegium par une ligne de retranchements de 55 km de long. Spartacus réussit à forcer le blocus par une nuit de neige avec peu de visibilité. Mais il fut poursuivi par l'armée de Crassus et subit quelques petites défaites. Installé dans leBruttium, il vainquit trois légions romaines. Ses hommes, échauffés par ces dernières victoires, veulaient battre définitivement l'armée de Crassus. L'affrontement eut lieu en Lucanie, et Crassus battit définitivement les révoltés. Avant la bataille, selon Plutarque, comme on lui amenait son cheval, Spartacus égorgea l'animal, disant : « Vainqueur, j'aurai beaucoup de beaux chevaux, ceux des ennemis ; vaincu, je n'en aurai pas besoin ». Puis il tenta de se porter contre Crassus, mais ne put l'atteindre et tua deux centurions qui l'attaquaient. Alors que ses compagnons prenaient la fuite, encerclé par de nombreux adversaires, Spartacus meurut les armes à la main en -717. Son corps ne fut jamais formellement identifié.

La répression fut sanglante : 6 000 esclaves furent crucifiés sur la Via Appia, entre Rome et Capoue. De plus, Pompée, entre-temps rappelé d'Espagne par le Sénat, massacra 5 000 esclaves en fuite dans le nord de l'Italie. À la fin, Pompée recevrait les honneurs tandis que Crassus serait laissé dans l'ombre. Néanmoins, l'année suivante, ces deux hommes furent promus consuls, bien qu'ils n'eussent pas respecté le cursus honorum.

Outre les qualités d'organisateur et de meneur que Appien prête à Spartacus, plusieurs raisons matérielles peuvent expliquer le succès initial et la durée de sa révolte :

§ L'insuffisance des premières forces romaines engagées contre lui, qui ne tinrent pas le choc contre ses troupes : au plus fort de ses batailles, l'armée de Spartacus compterait près de 120 000 combattants.

§ La situation politique (Rome intervenant sur d'autres fronts) qui freinait une mobilisation plus efficace.

§ La situation sociale en Italie du Sud, région de grands latifundia (exploitations agricoles) exploitant durement des masses d'esclaves, qui purent se joindre à la révolte.

§ En revanche, Appien note l'isolement de Spartacus, aucune cité ne le soutenant, par crainte que la rébellion ne s'étendît à leurs esclaves.

Retentissement[modifier]

Politique[modifier]

Spartacus et son mouvement sont considérés par certains modernes comme le plus ancien événement de l'histoire du mouvement social, quoique ce ne soit pas le cas selon nos connaissances historiques (la révolte des esclaves de Sicile est antérieure, et la première grève d'ouvriers actuellement connue se situe en Égypte pharaonique). C'est en revanche celui qui a eu le plus d'écho.

Le symbole reste fort et le mouvement de la gauche communiste allemande, ainsi que l'insurrection lancée par lui, prendront le nom de « spartakiste ».

Karl Marx et Che Guevara étaient des admirateurs du personnage de Spartacus8.

Cinéma et télévision[modifier]

Après un film muet des années 1910 du cinéma italien tombé dans l'oubli, plusieurs œuvres ont contribué à une large notoriété :

§ 1945 : Spartacus par Arthur Koestler9

§ 1953 : film italien Spartacus en noir et blanc de Riccardo Freda, avec Massimo Girotti, Carlo Ninchi, Ludmila Tcherina.

§ 1960 : film Spartacus, inspiré du roman de Howard Fast, scénarisé par Dalton Trumbo commencé par Anthony Mann et terminé par Stanley Kubrick, avec Kirk Douglas dans le rôle principal.

§ 2004 : Spartacus, téléfilm américain de Robert Dornhelm avec Goran Visnjic, Alan Bates et Angus Macfadyen10.

§ 2010 : Spartacus: Blood and Sand, série télévisée américaine diffusée sur la chaîne Starz, avec entre autres Andy Whitfield dans le rôle de Spartacus, Lucy Lawless et John Hannah.

§ 2011 : Spartacus: Gods of the Arena, télésuite centrée sur le passé de Lucretia et de Batiatus mettant en scène Gannicus, le précédent champion de Capoue.

Littérature[modifier]

§ 1939 : The Gladiators, Arthur Koestler. Traduction française, Spartacus, 1945 chez Aimery Somogy. Réédité depuis chez Calman-Levy

§ 1951 : roman de Howard Fast sur lequel est basé le film de Stanley Kubrick.

§ 1988 : Spartacus et la révolte des gladiateurs, Joël Schmidt, Mercure de France

§ 2003 : Spartacus est le nom du jeune « esclave révolté » du recueil de comic-strips intitulé La Petite Alice d'Anne-Marie Simond, Éditions du Héron.

§ 2004 : Spartacus, le gladiateur et la liberté, Gérard Pacaud, Éditions du Félin

§ 2005 : Les Romains, tome 1 Spartacus, révolte des esclaves, roman de Max Gallo, éd. Fayard.

Théâtre et ballet[modifier]

§ 1952 : Spartacus de Max Aldebert, mise en scène Jean-Marie Serreau, Théâtre de Babylone

§ 1954 : Spartacus, ballet de Aram Khatchatourian.

§ 2002 : Spartacus pièce créée par la compagnie Jolie Môme.

§ 2010 : Spartacus pièce de théâtre par la compagnie du théâtre de la licorne.

Sport[modifier]

§ Bulgarie : plusieurs clubs de football portent le nom de Spartacus : les plus connus sont le FK Spartak Varna, le FK Spartak Plovdiv et lePFK Spartak Pleven

§ Russie : plusieurs clubs de sport portent également le nom de FC Spartak, tels que le FK Spartak Moscou.

§ URSS : les Spartakiades étaient une version de Jeux olympiques réservée aux pays du Bloc de l'Est.

§ Tchécoslovaquie : Spartakiades était aussi le nom des tournois de gymnastique qui se tenaient tous les cinq ans en Tchécoslovaquie.

§ Canada : la mascotte des Sénateurs d'Ottawa est un lion appelé Spartacat, en référence au nom de sénateurs que se donnent les joueurs.

§ Suisse : Fabian Cancellara porte ce surnom, dû à son physique sportif.

Jeux vidéo[modifier]

§ Spartacus est un des personnages du jeu de stratégie en temps réel Rome: Total War, sorti en 2004.

Divers[modifier]

§ Spartakus (avec un « k ») est le nom d'un des héros du dessin animé français Les Mondes engloutis.

§ Sportacus (avec un « o ») est le nom d'un des héros de la série islando-américaine Bienvenue à Lazy Town.

Notes et références[modifier]

1. a, b et c Catherine Salles, 73 av. J.-C., Spartacus et la révolte des gladiateurs, p. 8-9.

2. Plutarque, « Vie de Crassus », VIII, Vies parallèles, Gallimard, coll. Quarto, 2001, p. 1014.

3. Appien, Guerres civiles, I, 116.

4. Plutarque, « Vie de Crassus », VIII, p. 1014.

5. Catherine Salles, op. cit., p. 13-16.

6. Catherine Salles, , op. cit., p. 10.

7. Plutarque, Vie de Crassus, XI, p. 1018-1019.

8. Karl Marx raconte à son ami Engels, dans une lettre du 27 février 1861:
« [...] Pour me détendre, j'ai lu les Guerres civiles à Rome d'
Appien. [...] On y voit que Spartacus est le plus splendide des hommes de l'histoire antique. Un grand général (pas comme Garibaldi), un noble personnage, vraiment représentatif du prolétariat de l'Antiquité. » (in « Letter from Marx to Engels In Manchester » [archive], 27 février 1861).

9. Arthur Koestler [archive] sur L'Encyclopédie de L'Agora

10. Spartacus (2004) [archive] sur IMDb

Bibliographie[modifier]

Auteurs antiques

§ Appien, Guerres civiles livre I, 116 à 120

§ Florus, Abrégé d'Histoire romaine livre III, XXI

§ Plutarque, Vie de Crassus, VIII-XI

Auteurs modernes

§ Jean-Paul Brisson, Spartacus, Club Français du Livre, 1959

§ Maurice Dommanget, Spartacus, Spartacus, 1948

§ Max Gallo, Spartacus, la révolte des esclaves, Éditions Fayard, 2005

§ Jean Guiloineau, Spartacus, la révolte des esclaves, éd. Hors Commerce, Paris, 2005, roman historique

§ Benoît Malon, Spartacus ou la guerre des esclaves, 1873, inspiré par le parallèle entre la révolte des esclaves et la Commune de Paris. (rééd. par Jacques André éditeur 2008)

§ Claude Marle, Spartacus, Bayard, 2009

§ Marcel Ollivier, Spartacus: la liberté ou la mort!, Les Amis de Spartacus, 2001

§ Gérard Pacaud, Spartacus: le gladiateur et la liberté, Félin, 2004

§ Catherine Salles, 73 av. J.-C., Spartacus et la révolte des gladiateurs, Éditions Complexe, 2005

§ Plamen Pavlov, Stanimir Dimitrov,Spartak - sinyt na drenva Trakija/Spartacus - the Son of ancient Thrace. Sofia, 2009

Stanley Kubrick

Autoportrait de Kubrick avec un Leica III
(extrait du livre
Drame et Ombres)


Nom de naissance

Stanley Kubrick

Naissance

26 juillet 1928
New York (États-Unis)

Nationalité

Américaine

Décès

7 mars 1999 (à 70 ans)
Hertfordshire, Londres(Royaume-Uni)

Profession

Photographe
Réalisateur
Scénariste
Producteur

Films notables

L'Ultime Razzia
Les Sentiers de la gloire
Spartacus
Lolita
Docteur Folamour
2001, l'Odyssée de l'espace
Orange mécanique
Barry Lyndon
Shining
Full Metal Jacket
Eyes Wide Shut

Distinctions

Oscar des meilleurs effets visuels
BAFTA Awards
DGA Award
Léopard d'or au Festival de Locarno

Site internet

kubrickfilms.warnerbros.com

Stanley Kubrick est un réalisateur américain né le 26 juillet 1928 à New York, dans le quartier du Bronx1, et mort le 7 mars 1999 à son domicile d'Hertfordshire dans la banlieue de Londres.

Après des débuts dans la photographie, Kubrick, autodidacte, sera également son propredirecteur de la photographie, producteur, scénariste ou encore monteur. Ses treize longs métrages en quarante-six ans de carrière l'imposent comme un cinéaste majeur duxxe siècle.

Biographie[modifier]

Stanley Kubrick a toujours été réticent à s'entretenir sur ses œuvres, laissant au spectateur la liberté de formuler sa propre interprétation. Les deux principaux livres auxquels il a participé activement avec Michel Ciment et Alexander Walker sont consacrés au récit (image et son) et à la symbolique de ses films.

Débuts dans la photographie[modifier]

Stanley Kubrick se photographiant devant un miroir avec Rosemary Williams, 1949

Stanley Kubrick est issu d'une famille juive originaire d'Europe centrale1. Son père, Jacques Leonard Kubrick (1901-1985), né aux États-Unis d'une mère roumaine et d'un père austro-hongrois, était cardiologue, pianiste et photographe amateur. Il apprend à son fils âgé de douze ans à jouer auxéchecs2. Cette passion suivra Stanley toute sa vie3. Sa mère Gertrude, née Perveler (1903-1985), chanteuse et danseuse, lui a donné le goût des livres et de la lecture. Il a une sœur cadette, Barbara, née en 1934.

De 1940 à 1945, Stanley ne trouve aucun intérêt à l'école. Mis à part la physique, rien ne l'intéresse, et il n'arrive pas à obtenir une moyenne suffisante pour s'inscrire à l'université. D'autant plus que la guerre terminée, les soldats reviennent du front, et les places sont chères1.

Pour son treizième anniversaire, son père lui offre son premier appareil photo. Cette nouvelle activité le passionne et lui fait oublier sa passion de jeunesse, le jazz, et son rêve de devenir batteur de jazz professionnel1. Il prend de nombreuses photos et les développe avec un ami dans la chambre noire familiale. Il devient le photographe officiel de son collège et a pour idole le reporter-photographe Weegee4.

En avril 1945, à l'âge de 16 ans, il réussit à vendre au magazine illustré Look une photographie d'un vendeur de journaux en larmes après la mort de Franklin D. Roosevelt, qu'il a prise alors qu'il se rendait au lycée1. La rédactrice en chef l'engage comme photographe indépendant, « par pitié » dira-t-il plus tard. Stanley Kubrick y travaille durant quatre ans et y apprend les ficelles du métier, la composition d'une image, les éclairages, l'usage des extérieurs et l'art de saisir le mouvement5. Plutôt perfectionniste, il lui arrive de prendre plusieurs centaines de clichés pour réaliser une seule photo6. Grand amateur de boxe, son premier « photos-récit » intitulé Prizefighter (Le Professionnel) raconte une journée de la vie du boxeur Walter Cartier. C'est ce photo-récit qui sera à l'origine de son premier film : Day of the Fight.

En 1947, à l'âge de 18 ans, il se marie avec une camarade de classe de la Taft High School, Toba Metz. Ils s'installent dans Greenwich Villagedeux ans plus tard7.

Un destin de réalisateur[modifier]

Pendant ses premières années de photographe de magazine, Kubrick fréquente assidûment les salles de cinéma. Ses goûts sont éclectiques, avec une préférence, comme il le dit en 1963 dans la revue Cinéma, pour le cinéma d'auteur européen comme Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni, Federico Fellini7. Les films de Max Ophüls comme Le plaisir ou Madame de... – mouvement complexe et sans heurt de la caméra,travelling – influencent le jeune Stanley Kubrick.

En 1950, l'autodidacte Stanley Kubrick, âgé de 22 ans, se décide à sauter le pas et se lance dans le cinéma. Pour lui, sa meilleure formation, ce sont les longues séances cinématographiques qu'il s'impose, des meilleurs films au pire des navets. « Je ne peux pas faire pire » se dit-il8.

Courts métrages et série TV[modifier]

Dans ses premiers films, Kubrick fait tout lui-même ; il est à la fois scénariste, cadreur, ingénieur du son, monteur et réalisateur.

Entre 1950 et 1951, Kubrick réalise deux documentaires consacrés l'un à un boxeur, l'autre à un missionnaire. Il reprend l'idée de son photos-récit Prizefighter et réalise avec un camarade de classe Alexander Singer, le court-métrage Day of the Fight - une journée de la vie du boxeur Walter Cartier - filmé comme un reportage. Autofinancé avec un budget de 3 900 $, le documentaire est vendu à la RKO Pictures avec seulement 100 $ de bénéfice.

Pour Flying Padre, Stanley Kubrick reprend la même idée et suit durant deux jours le révérend Fred Stadtmueller, un missionnaire catholique. D'une durée de 9 minutes, ce film est en partie financé et distribué par la RKO.

Les deux documentaires sont des succès mineurs, mais Kubrick se fait remarquer par le brillant de sa photographie. Lui-même dira ; « Même si mes deux premiers films étaient mauvais, ils étaient bien photographiés9. »

En 1951, il divorce de Toba Metz. L'année suivante, à la demande de Richard de Rochemont, futur producteur de cinéma de son premier filmFear and Desire, Kubrick est réalisateur de deuxième équipe sur une séquence d'un omnibus consacré à Abraham Lincoln. Par la suite il réalise plusieurs épisodes, toujours en qualité d'assistant réalisateur. C'est en 1953 qu'il réalise son premier documentaire en couleurs, The Seafarers. Dans ce film promotionnel sur la marine marchande, on retrouve les travellings à la Max Ophüls10.

Premiers longs métrages[modifier]

Articles connexes : Fear and Desire et Le Baiser du tueur.

Pour réaliser son premier long métrage Fear and Desire, Kubrick emprunte à sa famille 9 000 $. Il persuade un ami poète de lui écrire un scénario original : l'histoire d'un groupe de soldats chargés d'éliminer une troupe ennemie dans une guerre fictive ; à la fin du film, les soldats voient leurs propres visages dans ceux de leurs ennemis. Le réalisateur tourne son film en 35 mm noir et blanc près de Los Angeles. Une nouvelle fois, il fait tout. Il décide de ne pas enregistrer le son avec les images et son erreur lui coûte 30 000 $ de post-synchronisation. Malgré tout, il est fier d'avoir réussi à terminer son film. Plus tard, il qualifiera son film de « tentative inepte et prétentieuse »11 et décidera de le retirer des circuits de distribution et d'en interdire toute projection.

Encouragé par une critique honorable, Stanley Kubrick quitte définitivement le magazine Look bien que le film soit un échec commercial. C'est lors du tournage du film qu'il rencontre sa future femme, Ruth Sobotka.

En 1954, Le Baiser du tueur (Killer's Kiss), son second long-métrage, film très court tourné dans les rues de New York, raconte l'histoire d'un boxeur minable obligé de fuir la mafia. L'histoire manque d'originalité — c'est le seul scénario original écrit par Kubrick — mais ce film démontre son talent à jouer avec l'ombre et la lumière12 et confirme sa maîtrise technique dans la scène de règlement de comptes dans un entrepôt de mannequins.

Sa réalisation est récompensée par un Léopard d'or au Festival international du film de Locarno.

Les débuts de la collaboration avec James Harris[modifier]

Articles connexes : L'Ultime Razzia et Les Sentiers de la gloire.

Le Baiser du tueur attire l'attention de James B. Harris, producteur indépendant qui a de bonnes relations avec les majors de Hollywood. C'estAlexander Singer, qui a connu Harris quelques années auparavant, qui fait se rencontrer les deux hommes. Cette rencontre est décisive, et ensemble ils fondent la Harris-Kubrick Pictures alors qu'ils ne sont tous les deux âgés que de 26 ans13.

Deux ans plus tard, en 1956, naît de leur association le troisième film de Kubrick, L'Ultime Razzia (The Killing)13, le premier grand film avec un budget de 320 000 dollars financé en partie par Harris et les United Artists. Pour la première fois le réalisateur dispose d'acteurs professionnels et d'une équipe technique complète. Encore une fois, l'histoire n'a rien d'exceptionnel : un tireur embusqué doit abattre le cheval de tête dans une course hippique pour créer une diversion et ainsi faciliter le hold-up de la caisse des paris. Un film noir de braquage comme il en existe beaucoup à cette époque, mais Stanley Kubrick fragmente l'histoire que seule la voix off très influencée par Citizen Kane d'Orson Welles permet de reconstituer. Plus d'une décennie plus tard, la critique Pauline Kael considérait que L'Ultime Razzia avait lancé la carrière de Kubrick. Elle ne s'était pas trompée. Leurs chemins vont souvent se croiser par la suite car elle va détester tous ses films : « une froide et distante atmosphère, des films qui n'ont pas d'âme14. »

Au cours du tournage, Kubrick affirme son autorité : alors que le directeur de la photographie, Lucien Ballard, change l'objectif que Kubrick avait choisi pour une scène avec un travelling, ainsi que son emplacement en lui expliquant que cela n'aura aucune incidence sur les changements de perspective, calmement, le cinéaste lui intime l'ordre de remettre la caméra à son emplacement d'origine avec l'objectif initial, ou bien de quitter le plateau et de ne jamais y revenir12. Ballard obéit et le tournage se termine tranquillement.

Malgré un budget important, Kubrick n'apparaît encore dans ce film que comme l'un des nouveaux maîtres de la série B15. Orson Welles, interrogé par André Bazin sur les autres cinéastes, déclare : « L'Ultime Razzia de Kubrick n'est pas trop mal ». Dans la revue Cahiers du cinéma, Jean-Luc Godard lui reconnaît quelques qualités tempérées : « C'est le film d'un bon élève sans plus. Ce qui correspond chez Ophüls à une certaine vision du monde n'est chez Kubrick qu'esbroufe gratuite. Mais il faut louer l'ingéniosité de l'adaptation qui, adoptant systématiquement la déchronologie des actions, sait nous intéresser à une intrigue qui ne sort pas des sentiers battus16. »

Kirk Douglas en 1952

L'Ultime Razzia étant un succès, United Artists accepte de financer à hauteur d'un million de dollars le futur film de Harris-Kubrick tiré d'un best-seller américain de 1935, The paths of Glory, inspiré des événements réels de 1917 où des soldats seront fusillés pour l'exemple. Harris ne disposant que d'un budget très modeste selon les critères hollywoodiens et d'un scénario de Kubrick, Calder Willingham et Jim Thompson, le projet ne suscite guère d'enthousiasme auprès des majors. Tout bascule quand Harris envoie une copie du scénario à Kirk Douglas, lequel répond : « Stanley, je crois que ce film ne fera pas un rond, mais il faut absolument le tourner17 ». En 1957, sept ans après son premier court-métrage, Kubrick dirige Kirk Douglas dans le film sur l'absurdité de la guerre, Les Sentiers de la gloire.

Le film se déroule durant la Première Guerre mondiale. Un général de l'armée française décide de lancer une de ses unités dans des attaques désespérées contre les lignes allemandes retranchées àVerdun. Pour l'exemple, trois soldats innocents seront fusillés pour lâcheté. Le film est entièrement tourné en Allemagne avec 800 policiers allemands pour jouer les troupes françaises. Les scènes en intérieur sont tournées au studio Geiselgasteig à Munich. On y voit apparaître des séquences qui caractérisent Kubrick et qu'il ne cesse de perfectionner par la suite : travelling compensé arrière, utilisation de la musique et mouvements de caméra sans heurt filmés avec une Dolly pour la marche ininterrompue du colonel Dax dans les tranchées. Cette scène est d'ailleurs similaire à celle du labyrinthe de Shining filmée en steadicam. La scène du chant de la jeune prisonnière, jouée par sa future épouse, l'actrice allemande et nièce de Veit Harlan Christiane Susanne Harlan, montre la capacité de Kubrick à filmer l'émotion sans tomber dans la sensiblerie12. Il divorce de Ruth Sobotka en 1957 pour épouser en 1958 Christiane Harlan qu'il a rencontrée pendant le tournage. Son frère, Jan Harlan, deviendra le producteur délégué du réalisateur à partir de 1975.

Dans ce film apparaissent deux thèmes de prédilection de Kubrick : la double personnalité et un monde au bord de l'effondrement. Dans le livre et dans le film, les personnages sont clairement identifiés, avec le colonel Dax (Kirk Douglas), homme sobre, intelligent et courageux, et le général Mireau (George Macready), vaniteux, ambitieux et incompétent. Le personnage le plus machiavélique du film est le général Broulard (Adolphe Menjou). Kubrick joue habilement avec la bonhomie du personnage rusé et raffiné mais s'avérant incroyablement amoral (il va détruire les dernières illusions du colonel et ruiner définitivement la carrière du général) et sans aucune pitié envers les hommes de troupe.

Le film est projeté à Munich le 18 septembre 195718. Il est perçu comme une critique directe de l'armée française, par la cruauté des scènes finales et la satire violente des états-majors français, même si le film souffre de nombreuses invraisemblances. Il reçoit plusieurs récompensesdont le prix Chevalier de la Barre. Sous la pression d'associations d'anciens combattants français et belges, le gouvernement français proteste auprès de la United Artists, mais ne demande pas la censure du film. Devant l'ampleur du mouvement contestataire, les producteurs du film décident de ne pas le distribuer. De nombreux pays en Europe, comme la Suisse, refusent également de le diffuser19. C'est dix-huit ans plus tard, en 1975, que le film est finalement projeté en France20.

Un bref passage à Hollywood[modifier]

Article connexe : Spartacus.

Marlon Brando en 1963

De retour aux États-Unis, Stanley Kubrick écrit deux scénarios qui seront refusés par les majors hollywoodiens. La MGM lui propose de travailler sur le scénario d'un western avec comme vedetteMarlon Brando. Après six mois de travail de préparation, le cinéaste et l'acteur se fâchent. Marlon Brando, star hollywoodienne, obtient facilement le départ de Kubrick et décide de réaliser lui-mêmeLa Vengeance aux deux visages.

Au même moment sur un autre film, Kirk Douglas, acteur et producteur principal du péplumSpartacus, insatisfait du travail d'Anthony Mann, sollicite Stanley Kubrick pour terminer le film. Après le succès commercial des Sentiers de la gloire, celui-ci accepte et termine le film. Le tournage dure 167 jours, partagé entre la Californie et l'Espagne pour les scènes de combat tournées avec 10 000figurants issus de l'armée espagnole.

Mais des conflits artistiques apparaissent rapidement entre Kirk Douglas et Russell Metty, le directeur de la photographie. Kubrick intervient également sur le scénario fondé sur l'histoire vraie du soulèvement d'esclaves romains qu'il trouve moralisateur et sans intérêt21. Le film obtient un grand succès critique et commercial et gagne quatre Oscars. Quelques années plus tard, Stanley Kubrick renie le film dont il garde un souvenir amer22. Dans l'œuvre de Kubrick, c'est son film le plus impersonnel23, le film reprenant l'intrigue et le traitement du roman historique de Howard Fast.

Les derniers films en noir et blanc[modifier]

Articles connexes : Lolita et Docteur Folamour.

En 1962, pour la réalisation de Lolita, le réalisateur préfère éviter la censure et les ligues puritaines américaines24 et se tourne vers l'Angleterrepour le tournage. Il avait prévu de revenir ensuite aux États-Unis mais pour son projet suivant, Docteur Folamour, l'acteur principal qu'il a choisi, l'anglais Peter Sellers, ne peut pas quitter le territoire car il est au milieu d'une procédure de divorce. Pendant le tournage de Lolita, Kubrick achète une grande maison au nord de Londres où il s'installera avec sa famille25. Il dira : « À côté de Hollywood, Londres est probablement le deuxième meilleur endroit pour faire un film, en raison du degré d'expertise technique et des équipements que vous trouvez en Angleterre », de plus, malgré sa licence de pilote amateur, Kubrick n'aime pas prendre l'avion26.

Stanley Kubrick réalise donc Lolita, son premier film polémique, sur le sol anglais, d'après le roman éponyme de Vladimir Nabokov. Le livre avait été publié pour la première fois en France comme ouvrage pornographique. Pour la rédaction du scénario, le cinéaste travaille en étroite collaboration avec Vladimir Nabokov. Ils écrivent ensemble une nouvelle version du roman qui est jugé plus acceptable pour un film commercial et la morale imposée au cinéma en 1962.

James Mason en 1959.

Le film raconte l'histoire d'un homme d'âge mûr, Humbert Humbert, joué par James Mason, pris d'une passion ardente pour une adolescente, Lolita, âgée de 12 ans dans le livre, 15 ans dans le film, interprétée par Sue Lyon qui obtiendra le Golden Globe de la meilleure actrice. Peter Sellers y fait une interprétation remarquée.

Le film, tout comme le roman, provoque la colère des puritains qui trouvent le film trop sulfureux malgré sa mise en scène très chaste, bien éloignée des allusions sexuelles explicites de l'ouvrage de Nabokov. À la sortie du film, Stanley Kubrick reconnaît que s'il avait pu prévoir la sévérité descenseurs américains qui l'obligent à couper des scènes au montage et à remanier certaines séquences jugées trop licencieuses, il aurait probablement renoncé à la réalisation du film12.

Le film est présenté à la Mostra de Venise en 1962, mais la critique est déçue27. Le schéma d'accueil de ses films par la critique, dont la plus virulente est Pauline Kael, sera toujours le même par la suite : une partie ne lui fait pas de cadeau, tandis que l'autre l'admire. Ce premier film polémique est un succès outre-Atlantique, sans nul doute nourri par la controverse. En 1963,Jean-Luc Godard décrit Lolita comme un « […] film simple et lucide, avec des dialogues justes, qui montre l'Amérique et son puritanisme mieux que Melville et Reichenbach, et prouve que Kubrick ne doit pas abandonner le cinéma, à condition de filmer des personnages qui existent […]28 ». En 1998, Sue Lyon déclare à l'agence Reuters que Lolita est le film qui a « causé [sa] destruction en tant que personne ». Il s'agit du dernier film produit par le duo Kubrick-Harris. Après ce long-métrage, Stanley Kubrick produit et réalise seul ses films, en laissant la distribution à la Warner Bros Pictures.

En 1963, Kubrick prépare son second film polémique et le premier opus d'une trilogie de films de science-fiction, Docteur Folamour ou : Comment j'ai appris à cesser de m'inquiéter et à aimer la bombe, considéré comme un chef d'œuvre d'humour noir. Kubrick se tient constamment au courant de l'actualité et s'abonne à des revues militaires et scientifiques29. Il lit le roman de Peter George, Red Alert, paru enAngleterre sous le titre de Two Hours to Doom29. Il réfléchit depuis longtemps à une histoire où une guerre nucléaire serait déclenchée soit par accident, soit à cause de la folie d'un personnage. Le roman de Peter George correspond à ses attentes. Il s'associe avec Peter George etTerry Southern, scénariste d'Easy Rider, pour préparer le script, et travaille la photographie du film avec Weegee.

Le tournage débute le 26 janvier 1963, aux studios de Shepperton à Londres, pour s'achever quatre mois plus tard30. La distribution comprend Peter Sellers qui tient les rôles du président des États-Unis, du docteur Folamour, ancien chercheur nazi et handicapé recruté par l'armée américaine (clin d'œil à la trajectoire de plusieurs scientifiques nazis, dont Wernher von Braun), et du colonel britannique Lionel Mandrake. Une très grande liberté d'improvisation est laissée à Peter Sellers, filmé par trois caméras, tandis que le reste de la distribution et l'équipe technique doivent observer une grande rigueur. Le film doit se conclure par une bataille de tartes à la crème dans la salle de guerre, avec le président et tous ses conseillers militaires. La scène est filmée, nécessitant des semaines de tournage, mais Kubrick décide de la retirer du montage final.

Farce burlesque où la guerre nucléaire totale est déclarée suite à l'action d'un commandant devenu fou et d'un système de défense automatique, ainsi que satire des milieux politico-militaires, ce nouveau film sort en pleine Guerre froide. Le risque de voir l'un des deux protagonistes employer l'arme atomique est élevé. Un problème de taille apparaît : un film réalisé par Sidney Lumet, Point limite, avec Henry Fonda dans le rôle principal, traitant du même sujet, est sur le point de sortir. Stanley Kubrick intente un procès pour plagiat, et obtient gain de cause. Le film de Lumet ne sortira qu'en octobre 1964 tandis que Docteur Folamour sort sur les écrans le 29 janvier 1964 et se trouve nommé pour quatre Oscars (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure adaptation cinématographique).

Le passage à la couleur[modifier]

Articles connexes : 2001, l'Odyssée de l'espace, Orange mécanique, Barry Lyndon, The Shining, Full Metal Jacket et Eyes Wide Shut.

Japet, satellite de Saturne. Dans le romanArthur C. Clarke : « la porte des étoiles, au centre de laquelle se trouve un monolithe de près de 600 mètres de haut ».

À partir de ce moment, installé définitivement en Angleterre, le cinéaste travaille de plus en plus lentement, poussant de plus en plus loin son perfectionnisme et sa volonté d'expérimentation technique. Il va passer cinq ans à développer son film suivant 2001, l'Odyssée de l'espace. Le 22 avril 1964, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke au restaurant Trader Vic's du Plaza Hotel de New York31. Pour imaginer le monolithe noir, clé de voûte du film, les deux co-scénaristes font la tournée des galeries d'art le mois suivant leur rencontre32 et se seraient, selon le sémiologue français Alexandre Bourmeyster, inspirés des œuvres du peintre Georges Yatridès33, alors mis en valeur par un des plus grands marchands de tableaux du moment, S.E. Johnson, celui-ci exposant les œuvres de l'artiste de manière permanente aux International Galleries à Chicago34.

Le tournage du film, sous le titre provisoire de Voyage au-delà des étoiles, débute le29 décembre 196535, dans un premier temps aux studios de Shepperton, puis se poursuit auxStudios d'Elstree, plus proches de la villa où Kubrick a emménagé. MGM et Cinerama financent le film, dont le budget s'élève à six millions de dollars36. Pour la première fois, le cinéaste interdit le plateau de tournage à la presse, ce qu'il fera systématiquement par la suite.

Artistiquement, 2001 a été un changement radical dans les films de science-fiction. Stanley Kubrick n'est pas un partisan des films où les décors et les monstres sont en papier mâché ou en carton. Il souhaite que les décors de son film soient techniquement réalisables dans le futur qu'il présente. C'est Tom Howard, lauréat de l'Oscar des meilleurs effets visuels en 1947 pour L'Esprit s'amuse et en 1959 pour Les Aventures de Tom Pouce, qui est chargé de concevoir la savane préhistorique37. Wally Veevers conçoit les véhicules spatiaux et le bus lunaire. On construit également une centrifugeuse de 750 000 dollars. Pour les effets spéciaux, Kubrick s'entoure d'éminents collaborateurs parmi lesquels Harry Lange, ancien conseiller de la NASA, et Marvin Minsky, directeur d'un laboratoire d'intelligence artificielle37.

George Lucas, créateur de Star Wars, déclarera après la mort de Kubrick que si ce film n'avait pas été fait, il n'aurait probablement jamais réalisé sa saga. Kubrick reçoit l'Oscar des meilleurs effets visuels, le seul et unique Oscar de sa carrière, pour la qualité de son travail. Une équipe l'a aidé dans cette tâche, mais comme il est à la fois concepteur et créateur de quasiment tous les effets spéciaux du film, c'est à lui que l'on décerne la statuette. C'est également le début de la légende que le cinéaste va volontairement se forger : celle d'un homme qui, tel un ordinateur, enregistre une incroyable quantité d'informations, devenant un expert de la mise en scène et en maîtrisant parfaitement tous les rouages. Stanley Kubrick n'hésite pas à utiliser les dernières innovations techniques quand cela sert son œuvre : ordinateur et projection frontale pour 2001, éclairage à la lumière des bougies pour Barry Lyndon, grâce à un objectif Zeiss développé pour la NASA, ou encoresteadicam pour The Shining.

Malcolm McDowell en 2007

Orange mécanique est un film à la violence et à l'érotisme prémonitoire réalisé en 1971, d'après le roman L'Orange mécanique de Anthony Burgess et adapté par Stanley Kubrick qui travaille seul. Le thème du double, cher à Kubrick, est encore une fois développé dans ce film, avec Alex qui représente l'inconscient de l'homme qui lutte entre le bien et le mal dans un monde qui s'effondre. Kubrick réalise le film très rapidement caméra à l'épaule et presque entièrement dans et autour de Londres.

Au xxie siècle, dans une Angleterre où l'on ne sait plus comment enrayer l'escalade du crime, Alexandre de Large (Malcolm McDowell), le chef de la bande des droogs ou droogies, exerce avecsadisme une terreur aveugle sur fond de mouvement de la Symphonie n° 9 de Beethoven.

En Angleterre, le film suscite une polémique importante, qui est aggravée par plusieurs faits divers où des délinquants, portant les mêmes costumes qu'Alex, déclarent s'inspirer directement du personnage principal du film. Dans un premier temps, Stanley Kubrick ne tient pas compte de cesfaits divers mais les médias, frustrés par le manque d'interlocuteur, se retournent vers l'auteur du livre qui se retrouve seul à défendre un film auquel il n'a pas participé. Mais la controverse s'amplifie et, inquiété par les lettres de menaces de mort qu'il reçoit à son domicile, le réalisateur oblige la Warner à retirer le film des écrans du Royaume-Uni.

Élu meilleur film de l'année 1972 par le New York Film Critics Circle, Orange mécanique est l'un des plus gros succès de la Warner Bros. Pictures et reste à l'affiche durant soixante-deux semaines12. « Il n'y a aucun doute qu'il serait agréable de voir un peu de folie dans les films, au moins ils seraient intéressants à regarder. Chez moi la folie est très contrôlée ! » déclarera Kubrick38.

Après trois films de science-fiction, frustré de l'abandon par la Warner Bros de son projet sur Napoléon, avec Jack Nicholson dans le rôle de l'Empereur (Kubrick a une véritable passion pour Napoléon, il ne comprend pas comment un homme aussi intelligent a pu sombrer12) ; Stanley Kubrick réalise son premier film historique à partir de la biographie d'un jeune Irlandais (Barry Lyndon) d'après le roman picaresque de William Makepeace Thackeray - le destin d'un jeune et intrigant Irlandais sans le sou, Redmond Barry (Ryan O'Neal), de son ascension pleine d'audace à sa déchéance.

La préparation du film prend un an, le réalisateur veut tourner un film à l'esthétisme proche des tableaux du xviiie siècle39. La réalisation du film demande plus de 250 jours de tournage en Grande-Bretagne et en Allemagne au château de Hohenzollern, à Potsdam et au palais deLudwigsbourg et à la fin du tournage, Kubrick et Ryan O'Neal sont définitivement fâchés12. Les contraintes techniques imposées par le réalisateur font passer le budget du film de 2,5 millions à plus de 11 millions de dollars40.

Le corps de garde par Le Nain en 1643

Les critiques sont sévères envers le film qui est jugé trop long, trop lent, élitiste et ennuyeux12. Le film obtient pourtant quatre Oscars : meilleure direction artistique, meilleure photographie, meilleurs costumes, meilleur arrangement musical.

Stanley Kubrick entreprend ensuite l'adaptation du roman Shining, l'enfant lumière de Stephen King. Ce film est dans la lignée de l'Exorciste, Halloween et Rosemary's Baby le meilleur du genre selon Kubrick41. Le film est moins risqué financièrement que ses productions précédentes et, après l'échec commercial de Barry Lyndon, l'adaptation d'un best-seller de Stephen King est un gage de quasi-succès (les six derniers romans de l'auteur se sont vendus à plus de 22 millionsd'exemplaires). Le réalisateur et Diane Johnson modifient profondément l'histoire du livre, ce qui déplaît à Stephen King qui refuse d'apparaître au générique final du film42. Il ne sera pas le seul mécontent : aux États-Unis, l'exploitation du film est un échec, le public enrageant de n'avoir pas assez tremblé et reprochant aux deux scénaristes d'avoir abâtardi le genre et trahi l'esprit du livre. Comme à leur habitude, certains critiques huent le film43.

Jack Nicholson en 1960.

Le film relate la descente aux enfers de Jack Torrance (Jack Nicholson), écrivain ayant accepté un poste de gardien à l'hôtel Overlook, isolé dans les montagnes rocheuses et fermé pour l'hiver. Il s'y installe avec sa femme Wendy (Shelley Duvall) et son fils Danny (Danny Lloyd) qui possède un don de médium, le Shining.

Plus que tout autre film, Shining va consolider la réputation de « mégalomane perfectionniste44 » du réalisateur. Kubrick rôde dans les immenses studios de l'Estree, la barbe et les cheveux longs, les yeux cernés, tout comme son héros Jack Torrance qui erre sans inspiration dans l'hôtel Overlook45. Pour les déplacements de personnages les plus complexes à filmer, son opérateur Garrett Brownutilise un système de stabilisation de caméra qu'il a inventé quelques années auparavant : lesteadicam. Le tournage de plus d'un an est particulièrement difficile pour Shelley Duvall. Alors que Kubrick laisse une certaine latitude dans l'interprétation à Jack Nicholson, Shelley Duval doit répéter de 40 à 50 fois la même scène12. Aujourd'hui, Shelley Duval dit : « Ce fut une expérience formidable, mais si cela était à refaire, je n'accepterais pas le rôle12... »

L'image finale du film, semblable à la fin quelque peu mystérieuse et ambiguë de 2001, l'Odyssée de l'espace, engendre plusieurs interprétations par les fervents du cinéaste ; Stanley Kubrick lui-même n'a jamais donné une réponse définitive, préférant laisser le soin aux spectateurs de décider par eux-mêmes. Kubrick considère ce film comme son œuvre la plus personnelle46.

Vincent D'Onofrio en 2008

Kubrick veut tourner un vrai film de guerre, mais ni un film comme Apocalypse Now ou Voyage au bout de l'enfer, ni une parodie comme Docteur Folamour, ni un film antimilitariste tel que Les Sentiers de la gloire. La symbolique du film Full Metal Jacket est proche de celle d'Orange mécanique où le héros, intellectuellement supérieur à ses camarades, doit lutter entre le bien et le mal dans un monde en guerre. Le personnage central du film, le soldat « Guignol » (Matthew Modine) va petit à petit perdre son âme aux États-Unis, symbolisé par l'agression de son « protégé » le soldat « Baleine » (Vincent D'Onofrio) et au Viêt Nam par l'exécution sans pitié d'une prisonnière vietnamienne.

Stanley Kubrick détourne l'esprit du livre The Short Timers de l'écrivain Gustav Hasford pour mieux imposer sa propre vision de la guerre, et de l'âme humaine, au grand mécontentement de l'écrivain qui est tout de même crédité au générique final comme co-scénariste.

La première partie du film suit l'entraînement intensif d'un groupe de jeunes recrues américaines dans un camp de marines à Parris Island, aux États-Unis en 1968 pendant la guerre du Viêt Nam, et l'affrontement entre le sergent instructeur (Lee Ermey) et une jeune recrue inadaptée (Vincent D'Onofrio). La confrontation finale entre les deux hommes clôt cette partie. La deuxième partie du film se déroule au Viêt Nam et montre le baptême du feu des marines à Da-Nang puis la sanglante bataille du Têt dans la province de Hué.

Lee Ermey en 2005

Le film est entièrement tourné en banlieue de Londres, bien loin du réalisme du film d'Oliver Stone, Platoon47. Quelques plantes exotiques servent de décors d'arrière-plan, les scènes de combat sont tournées dans une usine désaffectée et l'île de Parris Island est recréée dans une ancienne base militaire britannique. Kubrick utilise plusieurs fois l'élargissement de champ pour modifier l'interprétation du spectateur lorsqu'il voit la scène de près puis de loin. Le tournage du film est interrompu pendant quatre mois suite à l'accident de voiture de Lee Ermey, conseiller technique en sa qualité d'ancien instructeur des marines et acteur principal de la première partie du film.

Nicole Kidman en 2008

Plus de sept ans après la sortie de son dernier film, Stanley Kubrick se lance dans l'adaptation du roman la Nouvelle rêvée de l'écrivain autrichienArthur Schnitzler, livre qu'il avait lu à la fin des années 1970. Le scénarioest une fidèle adaptation du livre et raconte l'errance dans la nuit new-yorkaise du docteur Harford (Tom Cruise), obsédé par la révélation de sa femme (Nicole Kidman) d'avoir failli céder à la tentation d'un autre homme et à la recherche de ses propres fantasmes. Un voyage entre le réel et l'imaginaire.

Tom Cruise en 2006

On retrouve dans Eyes Wide Shut ce qui a toujours fasciné Kubrick : le thème du double qui envahit tout et qui engendre la perte d'identité, « nos pulsions les plus intimes, derrière les apparences ». Le tournage dure quinze mois de novembre 1996 à janvier 1998 et va bloquer la carrière deTom Cruise pendant trois ans (deux ans de tournage et la sortie du filmMission Impossible de Brian de Palma est retardée d'un an). Comme à son habitude, le soir venu, Kubrick visionne sur vidéo les scènes tournées dans la journée et modifie au jour le jour le scénario en fonction des performances des acteurs. Après six mois de tournage, l'acteur Harvey Keitel claque la porte et est remplacé au pied levé par Sydney Pollack.

Ce film est le testament de Kubrick, qui meurt d'une crise cardiaque dans son sommeil le 7 mars 1999. Il est enterré à côté de son arbre préféré dans le manoir de Childwickbury, dans le Hertfordshire, au Royaume-Uni.Eyes Wide Shut sort en salle en juillet 1999, quatre mois après la mort du réalisateur. Il le considérait comme son « meilleur film » selon une révélation faite à son ami Julian Senior la veille de sa mort (« It's my best film ever, Julian. »)48.

Projets non aboutis[modifier]

Parmi les projets inachevés de Stanley Kubrick, on peut citer un film sur Napoléon Bonaparte, abandonné à la demande des producteurs : un projet monumental (fruit de trente années d'un travail de bénédictin) qui échoue en 1969 pour des raisons techniques, financières et d'organisation.

Après Full Metal Jacket, Kubrick travaille en même temps sur deux films dont aucun ne sera réalisé. Aryan Papers (WarTime Lies, adaptation du roman Une éducation polonaise de Louis Begley), un film abandonné pour ne pas concurrencer La Liste de Schindler de son ami Steven Spielberg dont le sujet est similaire, ainsi que A.I. Intelligence artificielle, d'après la nouvelle Les Supertoys durent tout l'été de Brian Aldiss, projet réalisé par Spielberg après la mort de Kubrick. Aryan Papers raconte l'histoire d'un enfant traversant la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale et échappant à la déportation vers Auschwitz ; c'est son projet de film non-réalisé le plus abouti, le casting étant établi, avecJohanna ter Steege pour le rôle de Tania et Joseph Mazzello, pour le petit garçon.

Un autre projet qui n'a jamais été réalisé était Le Lieutenant allemand, un film sur les parachutistes allemands à la fin de la Seconde Guerre mondiale49. Il y eut de même un projet d'adaptation d'un roman de Stefan Zweig, Brûlant Secret, un projet intitulé Natural Child (une fable sur la libération sexuelle, trop subversive pour l'époque), un projet intitulé One Eyed Jack (un western qui sera finalement porté à l'écran par Marlon Brando) et un projet intitulé Lunatic at Large, sur un scénario de Jimmy Thomson, est encore d'actualité en 2011.

Kubrick posera aussi le projet de l'adaptation du roman Le Pendule de Foucault (l'auteur, Umberto Eco, s'opposera à ce projet) et celui du roman Le Parfum de Süskind. Enfin, le satiriste Terry Southern tentera de convaincre Kubrick pour la réalisation du film pornographique Blue Movie50.

Le style de Kubrick[modifier]

L'esthétique[modifier]

Le jeune Stanley Kubrick, autodidacte, apprend les ficelles du métier de cinéaste — la composition d'une image, les éclairages, l'usage des extérieurs et l'art de saisir le mouvement5. Plutôt perfectionniste, il lui arrive de prendre plusieurs centaines de clichés pour réaliser une seule photo6 — lors de ses quatre ans passés comme photographe au magazine Look. C'est à cette époque qu'il décide de commencer sa « formation » en fréquentant assidûment les salles de cinéma. Ses goûts sont éclectiques, avec une préférence, comme il le dit en 1963 dans la revue Cinéma, pour le cinéma d'auteur européen comme celui d'Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni ou Federico Fellini7. Cependant, c'est par les films de Max Ophüls comme Le plaisir ou Madame de... qu'il sera particulièrement influencé, notamment le mouvement complexe et sans heurt de la caméra et les nombreux travellings.

Kubrick apprend réellement tous les métiers du cinéma en faisant tout lui-même dans ses premiers films — scénariste, ingénieur du son, monteur, réalisateur... — ce qui lui permettra par la suite d'intervenir et d'imposer ses points de vue à ses techniciens lors des tournages afin d'obtenir l'image exacte qu'il recherchait. Il démontre ainsi dès 1954, avec Le Baiser du tueur, son talent à jouer avec l'ombre et la lumière12 et confirme sa maîtrise technique dans la scène de règlement de comptes dans un entrepôt de mannequins. Il démontre aussi rapidement à ses équipes techniques ses connaissances et son intérêt pour la photographie et la prise de vue12. Pour lui, un réalisateur est à la fois metteur en scène et technicien.

Un steadicam, système stabilisateur de prise de vues, utilisée pour la première fois par Kubrick dans Shining.

Au fil de ses films, Kubrick ajoute de nouvelles techniques à sa réalisation qu'il ne cesse de perfectionner par la suite. Ainsi, en 1951, dans la scène de combat de boxe de son court-métrageDay of the Fight, il utilise pour la première fois le travelling compensé, technique que l'on retrouve par la suite dans tous ses films. C'est à cette époque qu'il se fait remarquer par le brillant de sa photographie. En 1956, dans L'Ultime Razzia, Kubrick fragmente l'histoire que seule la voix off très influencée par Citizen Kane d'Orson Welles permet de reconstituer. Il utilise pour la première fois le travelling compensé arrière et les mouvements de caméra sans heurt filmés avec une Dolly pour la marche ininterrompue du colonel Dax dans les tranchées. Cette scène est d'ailleurs similaire à celle du labyrinthe de Shining filmée en steadicam.

À partir de 2001, l'Odyssée de l'espace, le cinéaste travaille de plus en plus lentement, poussant de plus en plus loin son perfectionnisme et sa volonté d'expérimentation technique. Pour son premier film en couleur, il va passer cinq ans à développer ce film, qui, par son esthétisme et sa mise en scène, marque un tournant dans le cinéma mondial, en particulier dans le domaine de la science-fiction. Souhaitant une vision de l'espace éloignée des bandes dessinées et proche des observations scientifiques, il prend pour directeur de la photographie Geoffrey Unsworth, spécialisé dans lascience-fiction. Celui-ci utilise le format Super Panavision 70 et bénéficie du perfectionnement de nouvelles techniques (socles, grues, perches, bras articulés), permettant rotations et mouvements aériens de la caméra comme si elle-même était en impesanteur. Il ajuste également, sur les conseils et avec l'aide d'astronautes et de spécialistes dans le domaine, ses éclairages pour être conforme à la volonté très précise du cinéaste. Le tournage nécessite quatre mois de travail pour les acteurs, et dix-huit pour les effets spéciaux.

Pour Barry Lyndon, le réalisateur veut tourner un film à l'esthétisme proche des tableaux du xviiie siècle39. Pour recréer les conditions de l'époque, les intérieurs sont éclairés à la bougie, le visage des acteurs maquillés de blanc, les cheveux ternis par la poudre. La réalisation du film demande plus de 250 jours12. Pour retrouver les conditions de lumière dans les anciens châteaux anglais, le réalisateur s'astreint à un éclairage des scènes d'intérieur quasiment à la lueur des bougies. Il se procure un objectif d'appareil photo Zeiss d'une focale de 50 mm et une ouverture maximale de f/0.7, développé spécialement pour la NASA pour photographier l'alunissage de la capsule Apollo, mais encore jamais utilisé au cinéma. Il le fait monter sur une caméra réaménagée spécialement51. Pour Kubrick ce n'est pas un gadget ou une lubie, le réalisateur veut préserver la patine, et l'ambiance d'un château dans la nuit du xviiie siècle. Il précise : « L'éclairage des films historiques m'a toujours semblé très faux. Une pièce entièrement éclairée aux bougies, c'est très beau et complètement différent de ce qu'on voyait d'habitude au cinéma51. » Cette contrainte technique sera néfaste au budget du film qui passe de 2,5 millions à plus de 11 millions de dollars40. Le diaphragme de l'objectif de très grande ouverture (f/0.7), limite considérablement la profondeur de champ de la scène. Le réalisateur utilise également le zoom et les longues focales, ce qui a pour effet d'« aplatir » l'image.

La musique[modifier]

La musique a une grande importance dans la majeure partie de l'œuvre de Kubrick. Ce n'est pas la musique qui sert le film, mais le film qui sert la musique52. Kubrick privilégie dans la plupart de ses films la musique classique et souvent déjà préexistante.

Dans 2001, l'Odyssée de l'espace, pour la première fois, Stanley Kubrick incorpore de la musique classique à un de ses films : la composition de la musique prévue ayant du retard, il meuble la bande-son avec de la musique classique pour le pré-montage. Alors que la MGM veut imposer au réalisateur une musique originale, composée par Alex North, Kubrick réussit à garder ses choix originels : Le Beau Danube bleu deJohann Strauss II, Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss, et György Ligeti pour la séquence de la porte stellaire53. C'est à la musique deWendy Carlos qu'il fait appel, entre autres, pour Orange mécanique.

Kubrick voulait que la musique corresponde à l'époque de l'histoire racontée. Ainsi, dans Full Metal Jacket, film sur la guerre du Viêt Nam, il utilise des chansons des années 1960, époque du conflit. Mais pour la musique de Barry Lyndon, Stanley Kubrick emploie des œuvres deBach, Mozart, Vivaldi, Haendel et Schubert, alors que ces compositeurs ne sont pas tous du xviiie siècle. Il doit faire des concessions ; « J'ai chez moi toute la musique du xviiie siècle enregistrée sur microsillons.[...] Malheureusement, on n'y trouve nulle passion, rien qui, même lointainement, puisse évoquer un thème d'amour. »54. Ne trouvant d'ailleurs pas de musique d'époque suffisamment dramatique pour la scène du duel final, il demande à Leonard Rosenman de réorchestrer la Sarabande de Haendel à un tempo plus lent51.

La musique de son dernier film, Eyes Wide Shut est marquante par ses motifs linéaires de piano extraits de Musica Ricercata de György Ligeti. Elle accentue le malaise des situations vécues par le personnage de Tom Cruise.

Voix off[modifier]

C'est en 1955 dans Le Baiser Du Tueur que Kubrick insère pour la première fois une voix off. Le personnage principal Davey reconstitue en effet la chronologie de la narration grace à sa voix off. En 1956 sort le troisième film de Stanley Kubrick, L'Ultime Razzia (The Killing)13. Kubrick fragmente l'histoire que seule la voix off, très influencée par le Citizen Kane d'Orson Welles, permet de reconstituer. Il utilisera encore plusieurs fois la voix off par la suite, notamment dans Docteur Folamour et Barry Lyndon.

Dans Orange mécanique et Full Metal Jacket, c'est la voix intérieure, monologue qui n'est pas prononcé par un personnage mais qui exprime ses pensées au moment de la scène, qu'il utilisera pour la narration.

Le mythe Kubrick[modifier]

Lors de la présentation à la presse dans la ville belge de Gand, le 4 octobre 2006, de la prestigieuse exposition consacrée à l'homme et à son œuvre, sa veuve Christiane déclare : « C'est une légende créée de toutes pièces par la presse. »

Son caractère[modifier]

D'un caractère réservé, voire timide, pouvant raser les murs quand il croisait quelqu'un dans un couloir55, Kubrick devenait un autre homme une fois installé derrière sa caméra : il contrôlait le monde56.

Malgré cela il imposait le respect ; imperturbable, très créatif, il finissait toujours par obtenir ce qu'il voulait57. Son perfectionnisme lui vaut une renommée d'homme dur, coléreux et mégalomane. On fait état de scènes recommencées près d'une centaine de fois, d'une dispute violente avec Shelley Duvall (héroïne de Shining) dans le seul but de la mettre dans un état émotionnel intense, tout comme d'une équipe technique tenant une grande bâche des heures durant sous la pluie pour ne pas interrompre un tournage.

Stanley Kubrick devient un personnage mythique, vu comme un génie paranoïaque ayant une vision très pessimiste de la nature humaine, ne sortant de sa maison ultra-protégée, une sorte de forteresse infranchissable, ceinte de 80 hectares de bois et protégée par d'imposants grillages, que pour tourner ses films. Isolé dans son château anglais, Kubrick n'est pas pour autant coupé du reste du monde. Ses archives sont monumentales, quand il prépare un film, Kubrick dort le jour et travaille la nuit (décalage horaire avec Los-Angeles oblige).

Kubrick a toujours été réticent à s'entretenir sur ses œuvres, par crainte que celles-ci n'en soient appauvries. Les documentaires tournés sur Kubrick, le seront par sa fille Vivian, pendant le tournage du film Shining : The Making of the Shining (1980) et par son beau-frère Jan HarlanStanley Kubrick une vie en image (2000).

Les critiques[modifier]

Les critiques sont divisées sur ses films, une partie d'entre eux ne lui fait pas de cadeau, dont la très virulente Pauline Kael, Arthur SchlesingerJR. ou Jean-Luc Godard : « Un souci méticuleux du réel, une passion de l'exactitude, la « froideur » de ses images », tandis que les autres l'admirent : « L'exceptionnelle précision de sa saisie du réel en mouvement. »

« Une histoire qui se déroule dans un monde (intérieur ou extérieur) au bord de l'effondrement, compensée par une composition très symétrique, très ordonnée des plans et du cadrage. L'apparence, la double personnalité, les thèmes fétiches de Kubrick et que l'on retrouve dans tous ses films. »

En 50 ans de carrière, Kubrick va filmer ce combat intérieur, sous une perspective différente. Trois films de guerre, deux policiers, un film d'horreur, trois films de science-fiction, deux fresques historiques et deux films « érotiques »56.

« Les dialogues de ses films sont très courts… »
L'histoire est principalement racontée à travers les images et la bande son pour susciter des émotions. « Quand vous dites les choses directement, elles ont moins de poids que si vous laissez les gens les découvrir par eux-mêmes
56[réf. incomplète]. »

« En 50 ans de carrière seulement treize films… »
Vivian Kubrick dira : « Stanley était très triste d'avoir réalisé si peu de films, mais il avait un regret dans sa vie, c'était d'être si lent58. »

Depuis L'Ultime Razzia S. Kubrick préfére adapter des livres plutôt que d'écrire un scénario original.
Kubrick dira : « Je suppose que c'est par paresse, mais vous pouvez diviser tous les scénarios en deux catégories : ceux dans lesquels on se demande « ce qui va arriver » et ceux dans lesquels on se demande « comment cela va arriver » »
59.

Critiques par ses pairs[modifier]

Orson Welles en 1937

Orson Welles a déclaré, en 1963 : « Parmi la jeune génération, Kubrick me paraît un géant60. » Welles est né en 1915 et Kubrick en 1928 mais les deux artistes ont de nombreux points communs. Tous deux ontréalisé des films profondément originaux, et presque le même nombre (13 films pour Kubrick, 15 pour Welles). Ils se sont essayés au film de genre, et ont vécu en Europe, à la différence près que Kubrick s'est volontairement exilé en Angleterre pour travailler en paix, alors que Welles y fut contraint par la force des choses ; il avait besoin de décrocher des rôles pour financer ses films. Tous deux n'ont pu mener à terme certains projets : Don Quichotte et It's all true, que Welles a réalisés, n'ont jamais vu le jour de la main de leur auteur, tout comme Kubrick qui dut renoncer à réaliser un film sur Napoléon et un autre, au début desannées 1990, sur l'Holocauste. Citizen Kane était l'un des films préférés de Kubrick.

Steven Spielberg en 1999

Steven Spielberg dira : « Kubrick était terriblement incompris et perçu comme un reclus parce qu'il fuyait la presse. Mais il était capable de décrocher son téléphone et téléphoner à un parfait inconnu pour lui dire combien il avait été impressionné par son film. Pour ceux d'entre nous qui l'ont connu, c'était un ours en peluche, gentil et passionné. » Dans l'œuvre de Kubrick, L'Ultime Razzia est le film préféré de Spielberg61.

Une partie de la critique française décrie le cinéma de Kubrick[Qui ?]. Jean-Luc Godard notamment dansCahiers du cinéma, à propos de ses premières œuvres (L'Ultime Razzia, Spartacus, Les sentiers de la gloire), le décrit ainsi : « A débuté dans le tape-à-l'œil en copiant froidement les travellings d'Ophüls et la violence d'Aldrich […]28. », mais parle de Lolita comme un « […] film simple et lucide, avec des dialogues justes, qui montre l'Amérique et son sexe mieux que Melville et Reichenbach, et prouve que Kubrick ne doit pas abandonner le cinéma, à condition de filmer des personnages qui existent […]28. ».

Martin Scorsese en 2007

Martin Scorsese s'intéresse à l'œuvre de Kubrick depuis longtemps62. Il signe en 2002 la préface du livre de Michel Ciment, un des rares récits aussi complets sur le réalisateur. Il y dit au sujet de Kubrick : « Regarder un film de Kubrick, c'est comme regarder le sommet d'une montagne depuis la vallée. On se demande comment quelqu'un a pu monter si haut62. » Il poursuit l'analyse du style de Kubrick : « Stanley Kubrick était l'un des seuls maîtres modernes que nous avions […] Il était unique dans la mesure où, avec chaque nouveau film, il redéfinissait ce moyen d'expression et ses possibilités. Mais il était plus qu'un simple innovateur technique. Comme tous les visionnaires, il disait la vérité. Et on a beau s'imaginer être à l'aise avec la vérité, elle provoque toujours un choc profond quand on est obligé de la regarder en face62. »

Reconnaissance[modifier]

La distance que garde Kubrick par rapport à la communauté d'Hollywood joue certainement en sa défaveur. En effet, à l'instar d'autres grands réalisateurs, comme Charlie Chaplin, Orson Welles, Fritz Lang, Robert Altman, Sergio Leone ou Alfred Hitchcock, Kubrick, malgré plusieurs nominations, n'obtiendra jamais l'Oscar du meilleur réalisateur63.

Parmi les quelques récompenses qu'il a emportées :

§ 1964 : Meilleur réalisateur, New York Film Critics Circle Awards pour le film Docteur Folamour64

§ 1968 : Oscar des meilleurs effets visuels pour le film 2001, l'Odyssée de l'espace (le seul Oscar de sa carrière).

§ 1971 : Meilleur réalisateur, New York Film Critics Circle Awards pour le film Orange mécanique65

§ 1975 : Meilleur réalisateur, National Board of Review pour le film Barry Lyndon

§ 1975 : Meilleur réalisateur, British Academy of Film and Television Arts pour le film Barry Lyndon

Du 23 mars au 31 juillet 2011, une exposition lui est consacrée en France à Paris, à la Cinémathèque française66.

Kubrick personnage de cinéma[modifier]

Kubrick, personnage mythique du cinéma, devait fatalement devenir lui-même personnage de film. On peut voir un « Stanley Kubrick » dans les films suivants :

§ Strangers kiss, de Matthew Chapman (1984)

§ Moi, Peter Sellers, de Stephen Hopkins (2004). Kubrick, interprété par Stanley Tucci, est un rôle important de ce film biographique consacré à Peter Sellers.

§ Appelez-moi Kubrick, de Brian W. Cook (2005)

§ Stanley's girlfriend, court-métrage de Monte Hellman (2006)

Trois mois avant le décès du cinéaste, un certain Stanley Kubrick, demeurant à Harrow, décède d'une crise cardiaque dans son petit appartement. Il s'agit d'un imposteur, Alan Conway, qui, pendant des années, se fit passer pour le cinéaste et tira ainsi profit de dizaines de personnes plus ou moins connues. Il semblerait que l'idée ait fasciné Kubrick lui-même. Un film avec John Malkovich retrace d'ailleurs l'histoire de cet homme : Appelez-moi Kubrick.

À la suite d'un ennui de santé du chef-opérateur Claude Renoir sur le tournage du film L'espion qui m'aimait, et à la demande de son ami le chef décorateur Ken Adam (Barry Lyndon, et Dr Folamour), Stanley Kubrick accepte, à la condition expresse que sa contribution reste secrète, de superviser l'éclairage de la scène d'intérieur du supertanker67. Il existe cependant une photo de Kubrick sur le plateau de tournage.

Rumeurs de collaboration avec la NASA[modifier]

2001, l'Odyssée de l'espace est un triomphe dont l'influence est gigantesque sur l'imagination collective et sur lequel viendra se greffer la théorie visant à lui donner une influence sur la NASA ; cette dernière aurait emprunté les noms de Jupiter, Discovery ou Ulysse pour ses projets. En réalité, Discovery fut baptisée en référence au HMS Discovery de l'explorateur anglais James Cook. La fusée Jupiter, quant à elle, a été lancée en 195868, 10 ans avant la sortie du film.

D'après une théorie du complot, des contacts entre la NASA et Kubrick l'auraient poussé à réaliser pour le compte de la NASA des prises de vues factices. Cette théorie se fonde sur l'investissement supposé d'un ancien conseiller de la NASA et l'intérêt de cette dernière pour le film2001, en phase de montage à l'époque. Celle-ci aurait poussé Kubrick à participer à la réalisation en studio de faux alunissages des programmes Apollo 11 et 12. En 1968, Kubrick aurait été secrètement contacté par l'agence spatiale pour réaliser les trois premiers alunissages. Kubrick aurait d'abord refusé puis fini par accepter face aux menaces de révélation de l'« embarrassante » implication de son frère Raul dans le parti communiste américain. Il aurait ensuite proposé un scénario où la mission Apollo 13 aurait échoué mais les astronautes sauvés. Devant le refus de la NASA, Kubrick aurait cessé sa collaboration69. Ces affirmations proviennent pour la plupart du documentaireOpération Lune réalisé par William Karel en 2002 pour montrer les moyens de trucages et de manipulation de la vidéo et des interviews. Cedocumenteur réalisé avec des acteurs et des interviews détournées a créé la confusion, certaines parties relatant des faits réels, d'autres des hypothèses et de la pure fiction, le tout monté pour servir une fiction.

« L'idée était de détourner des entretiens, et nous n'avons mis aucun des témoins dans la confidence, ni les gens de la NASA, ni Aldrin, ni la femme de Kubrick, ni le frère de celle-ci. […] En détournant leurs témoignages, il suffisait d'avoir un « faux » témoin, en l'occurrence la secrétaire de Nixon, pour faire le lien et rendre l'histoire crédible. Aux « vrais » témoins, nous disions que nous faisions un film sur Kubrick, sur son film, sur la Lune ou sur la NASA, et nous leur posions des questions un peu vagues… » — William Karel70