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mercredi, octobre 21, 2009

[romain : paix_socialisme_communisme] Etude sur le goulag : cadre juridique, statistiques et contexte politique.

 

From: polinfo
Sent: Wednesday, October 21, 2009 3:18 PM
Subject: [romain : paix_socialisme_communisme] Etude sur le goulag : cadre juridique, statistiques et contexte politique.

 

Ce que les études russes montrent

Les recherches sur le système pénal soviétique représentent, au total, près de 9 000 pages. Leurs auteurs sont nombreux, mais les plus connus sont les historiens russes V.N. Zemskov, A.N. Dougin et O.V. Xlevjnik. Leurs travaux commencèrent à paraître en Occident grâce à l'aide de collègues de pays occidentaux. Les deux travaux utilisés ici ont, pour l'un été publié dans le magazine français l'Histoire en septembre 1993 dans un article écrit par Nicolas Werth, directeur de recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) ; pour l'autre, publié aux Etats-Unis dans la Revue d'Histoire Américaine (American Historical Review) par J. Arch Getty, professeur d'histoire à l'Université de Californie, Riverside, en collaboration avec G. T. Rittersporn, chercheur au CNRS ainsi que le chercheur V AN Zemskov de l'Institut d'Histoire Russe (qui fait partie de l'Académie russe des sciences). Aujourd'hui, plusieurs livres sont parus sur le sujet, écrit par ces chercheurs ou par d'autres personnes des mêmes équipes de recherches. Avant de poursuivre, je voudrais préciser qu'aucun de ces scientifiques et chercheurs ne défendent le système socialiste. Au contraire, ils ont un point de vue bourgeois et antisocialiste. Certains d'entre eux sont même des réactionnaires. Les lecteurs ne doivent pas s'imaginer que ce qui va suivre provient d'un quelconque « complot communiste. » Ces chercheurs ont voulu simplement dénoncer les mensonges de Conquest, Soljenitsyne, Medvedev et d'autres. Ils ont montré qu'ils plaçaient leur intégrité professionnelle avant tout autre considération et qu'ils ne voulaient pas servir des buts de propagande.

Les résultats des recherches russes répondent à beaucoup d'interrogation sur le système pénal soviétique. Les chercheurs ce sont concentrés surtout sur l'époque de Staline, la plus controversée. Nous allons continuer en répondant à une série de questions précises en puisant les réponses dans les revues L'Histoire et American Historical Review. C'est la meilleure façon d'aborder le système pénal soviétique :

1.         En quoi consistait le système pénal soviétique ?

2.         Combien de prisonniers y avait-il, aussi bien prisonniers politiques que non-politiques ?

3.         Combien de gens sont morts dans les camps de travail ?

4.         Combien de personnes furent condamnées à mort avant 1953, en particulier pendant les purges de 1937-1938 ?

5.         Quelle était la durée moyenne des détentions ?

Après avoir répondu à ces questions, nous discuterons du cas de deux catégories de populations dont on fait référence habituellement lorsque l'on parle des morts et des prisonniers en Union soviétique : les koulaks condamnés en 1930 et les contre-révolutionnaires condamnés en 1936-38.

14). Les camps de travail dans le système pénal

Commençons par la nature du système pénal soviétique. Après 1930, le système pénal soviétique consistait en un système de prisons, de camps de travail (goulag), de colonies de travail (goulag), de zones ouvertes spéciales et d'un système d'amendes. Ceux qui étaient condamnée étaient en général envoyés dans une prison normale et une enquête était faîte pour savoir s'il était innocent et dans ce cas relâché, ou s'il était au contraire jugé. Un accusé qui passait au tribunal pouvait aussi bien être déclaré innocent (et relâché) ou être condamné. S'il s'avérait qu'il était condamné, il devait soit payer une amende, soit aller en prison ou, plus rarement, être exécuté. L'amende pouvait consister à ce que sa paye soit réduite pour une période donnée. Pour celui qui y était envoyé, il se retrouvait dans différentes sortes de prisons en fonction du type de peine.

Dans les camps de travail du goulag, était envoyé ceux qui avaient commis de sérieux délits (homicide, vol, viol, crime économique, etc.) ainsi qu'une grande partie de condamnés pour activités contre-révolutionnaires. Les condamnés à une peine de 3 ans pouvaient aussi être envoyés dans ces camps de travail. Après avoir passé un certain temps dans les camps de travail, un prisonnier pouvait être déplacé dans une colonie de travail ou dans une zone spéciale ouverte.

Les camps de travail étaient des zones très larges où les prisonniers vivaient et travaillaient sous étroite surveillance. Travailler et ne pas être à la charge de la société était jugé nécessaire. Aucune personne en bonne santé ne restait sans travailler. Il est possible qu'aujourd'hui, on trouve cela très dure, mais c'était la règle. Il y avait ainsi 53 camps de travail en 1940.

Il y avait d'autre part 425 colonies de travail. C'était des unités beaucoup plus petites que les camps de travail, avec un régime plus libre et moins surveillé. On y envoyait ceux qui étaient condamnés à des peines plus réduites et ceux qui avaient commis des crimes et des délits politiques moins graves. Ils travaillaient en liberté dans des usines ou à la campagne et étaient mélangés à la société civile. Très souvent, le salaire était entièrement versé au prisonnier, de la même façon que les autres ouvriers.

Les zones spéciales ouvertes étaient généralement des zones agricoles pour ceux qui avaient été exilés tels que les koulaks, expropriés pendant la collectivisation. D'autres personnes jugées coupables de crimes ou de délits politiques mineurs pouvaient aussi purger leurs peines dans ces zones.

15). 454 000 et non 9 millions

La seconde question est de savoir combien il y avait de prisonniers politiques et combien de prisonniers de droit commun. Cette question concerne ceux qui étaient emprisonnés à la fois dans les colonies de travail, les camps de travail que dans les prisons (bien qu'il faut savoir que dans les colonies, il y avait dans la plupart du temps une liberté partielle). Le tableau ci-dessous a été publié dans la Revue d'Histoire Américaine et couvre une période de 20 ans, entre 1934, moment où le système pénal fut placé sous la direction de l'administration centrale, jusqu'en 1953, l'année de la mort de Staline.

Nombre de prisonniers en URSS en 1934-1953
Source : La Revue d'Histoire Américaine (The American Historical Review)

Au 1er janvier de chaque année

Au goulag et camp de travail

Contre-révolutionnaires

Contre-révolutionnaires en %

Décès

Décès en %

Libérés

Echappés

1934

510.307

135.190

26,5

26.295

5,2

147.272

83.490

1935

725.438

118.256

16,3

28.328

3,9

211.035

67.493

1936

839.406

105.849

12,6

20.595

2,5

369.544

58.313

1937

820.881

104.826

12,8

25.376

3,1

364.437

58.264

1938

996.367

185.324

18,6

90.546

9,1

279.966

32.033

1939

1.317.195

454.432

34,5

50.502

3,8

223.622

12.333

1940

1.344.408

444.999

33,1

46.665

3,5

316.825

11.813

1941

1.500.524

420.293

28,7

100.997

6,7

624.276

10.592

1942

1.415.596

407.988

29,6

248.877

18

509.538

11.822

1943

983.974

345.397

35,6

166.967

17,0

336.135

6.242

1944

663.594

268.861

40,7

60.948

9,2

152.113

3.586

1945

715.506

283.351

41,2

43.848

6,1

336.750

2.196

1946

600.897

333.833

59,2

18.154

3,0

115.700

2.642

1947

808.839

427.653

54,3

35.668

4,4

194.886

3.779

1948

1.108.057

416.156

38,0

27.605

2,5

261.148

4.261

1949

1.216.361

420.696

34,9

15.739

1,3

178.449

2.583

1950

1.416.300

578.912

22,7

14.703

1,0

216.210

2.577

1951

1.533.767

475.976

31,0

15.587

1,0

254.269

2.318

1952

1.711.202

480.766

28,1

10.604

0,6

329.446

1.253

1953

1.727.970

465.256

26,9

5.825

0,3

937.352

785

 

Au 1er janvier de chaque année

Au goulag et colonies de travail

En prisons

Total

1934

aucun

aucun

510.307

1935

240.259

aucun

965.697

1936

457.088

aucun

1.296.494

1937

375.488

aucun

1.196.369

1938

885.203

aucun

1.881.570

1939

355.243

350.538

2.022.976

1940

315.584

190.266

1.850.258

1941

429.205

487.739

2.417.468

1942

360.447

277.992

2.054.035

1943

500.208

235.313

1.719.495

1944

516.225

155.213

1.335.032

1945

745.171

279.969

1.740.646

1946

956.224

261.500

1.818.621

1947

912.794

306.163

2.027.796

1948

1.091.478

275.850

2.475.385

1949

1.140.324

aucun

2.356.685

1950

1.145.051

aucun

2.561.351

1951

994.379

aucun

2.528.146

1952

793.312

aucun

2.504.514

1953

740.554

aucun

2.468.524

On peut tirer du tableau ci-dessus une série d'observations. Pour commencer, nous pouvons comparer ces chiffres avec ceux de Robert Conquest. Ce dernier déclare, par exemple, qu'en 1939, il y avait 9 millions de prisonniers politiques dans les camps de travail et 3 millions d'autres morts en 1937-1939. Il ne faut pas oublier que Conquest ne parle ici que du nombre de prisonniers politiques ! A côté, il y a aussi les prisonniers de droit commun qui, ajoute Conquest, sont encore plus nombreux que le nombre de prisonniers politiques ! En 1950, d'après Conquest, il y avait aussi 12 millions de prisonniers politiques !

Lorsqu'on connaît la vérité, on peut voir combien est grande la fraude de Conquest. Aucun des chiffres qu'il avance ne se rapproche d'une quelconque façon de la vérité. En 1939, il y avait, camp, prisons et colonies confondus, un total de 2 millions de prisonniers. 454 000 d'entre eux avaient été condamnés pour crimes politiques, et non 9 millions comme l'assure Conquest. Ceux qui sont morts dans les camps de travail entre 1937 et 1939 atteignent le chiffre de 160 000 et non 3 millions comme le dit encore Conquest. En 1950, il y avait 578 000 prisonniers politiques dans les camps de travail et non 12 millions comme le dit Conquest qui reste, n'oublions pas, encore aujourd'hui une des principales références de la propagande anticommuniste de droite. Robert Conquest est assurément un des meilleurs prototypes des pseudo-intellectuels de droite. En ce qui concerne les chiffres cités par Soljenitsyne qui annonce 60 millions de morts dans les camps, il n'y pas de commentaire à faire. L'absurdité de ces affirmations est si manifeste que seul un fou peut dire de telles choses.

Mais laissons ces trafiquants pour nous concentrer sur l'analyse concrète des statistiques du goulag. La première question, c'est de savoir ce qu'on peut conclure du nombre de gens incarcérés ? Qu'est-ce que signifie le chiffre de 2,5 millions ? Chaque personne emprisonnée est une preuve que la société n'a pas des conditions suffisamment développées pour permettre à chaque citoyen de vivre pleinement. De ce point de vue, les 2,5 millions de prisonniers représentent une critique de la société.

16). La menace intérieure et étrangère

Les conditions dans lesquelles se trouvait le nombre de prisonniers du système pénal doivent bien être expliquées. L'Union Soviétique était à l'époque un pays qui avait récemment renversé le féodalisme, et cet héritage social au niveau individuel pesait souvent lourdement sur la société. Dans un système arriéré comme le tsarisme, les ouvriers étaient condamnés à vivre dans une extrême pauvreté et la vie humaine valait peu de choses. Le vol et les crimes violents étaient punis sans ménagement. Les révoltes contre la monarchie finissaient souvent par être réprimés par des massacres, la peine de mort et des peines de prison extrêmement longues. Les relations sociales, et les traditions mentales qui les accompagnaient, prenaient beaucoup de temps pour évoluer, ce qui influençait en définitive le développement de l'Union soviétique dans son attitude envers les criminels.

Une autre chose qui doit être prise en compte, c'est que l'Union soviétique, qui comptait dans les années 30 près de 160 à 170 millions d'habitants, était sérieusement menacée par les puissances étrangères. Suite aux grands changements politiques en Europe dans les années 30, la menace de guerre de la part de l'Allemagne nazie était grande, une menace de survie pour le peuple slave. Le bloc occidental nourrissait aussi des ambitions interventionnistes. Cette situation, Staline l'a résumé en 1931 : « Nous avons 50 à 100 ans de retard sur les pays avancés. Nous devons rattraper ce retard en 10 ans. De cela dépend notre survie. » Dix ans plus tard, le 22 juin 1941, l'Union soviétique était envahie par l'Allemagne nazie et ses alliés. 

La société soviétique dût faire de gros efforts entre 1930 et 1940 et la majeure partie de ses ressources fut consacrée à préparer la défense contre la guerre qui s'annonçait. A cause de cela, les ouvriers travaillaient dures mais peu pour leurs bénéfices personnels. Les 7 jours de travail par semaine furent rallongés en 1937, et en 1939 pratiquement chaque samedi était une journée de travail. Au cours de cette période très difficile, la guerre pesa sur la société pendant presque deux décennies (les années 30 et 40). Elle coûta la vie à 25 millions de personnes en l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale et la moitié du pays fut réduit en cendres. Les crimes avaient tendance dans ces conditions à se développer bien que les gens essayaient de s'entraider pour améliorer leurs conditions de vies.

Pendant cette période très difficile, l'Union soviétique comptait un maximum de 2,5 millions de prisonniers, c'est-à-dire 2,4% de la population adulte. Comment peut-on évaluer ce chiffre ? C'est peu ou beaucoup ? Comparons.

17). Plus de prisonniers aux Etats-Unis

Voyons les Etats-Unis, par exemple, un pays de 252 millions d'habitants (en 1996), le pays le plus riche du monde, qui consomme 60% des ressources mondiales. Combien y-a-t-il de prisonniers ? Quelle est la situation de ce pays qui n'est menacé par aucune guerre et qui ne connaît aucun grand bouleversement social menaçant sa stabilité économique ?

Dans une dépêche de presse parue très brièvement dans les journaux en août 1997, l'agence de presse FLT-AP (Associated Press) rapporta qu'il n'y avait jamais eu autant de prisonniers aux Etats-Unis avec un chiffre de 5,5 millions prisonniers en 1996. Cela représente une augmentation de 200 000 personnes depuis 1995 et le nombre de criminels aux Etats-Unis représente 2,8% de la population adulte. Ces données sont disponibles pour tous ceux qui le désirent au département de la justice des Etats-Unis (Page d'accueil web du Bureau statistique de la justice, http://www.ojp.usdoj.gov/bjs). Aujourd'hui, le nombre de prisonniers aux Etats-Unis est de 3 millions supérieur par rapport au nombre maximum en Union soviétique à l'époque dont nous parlons ! En définitive, en Union soviétique, 2,4% maximum de la population adulte était emprisonnée, alors qu'aux Etats-Unis, le chiffre atteint 2,8% et ne fait qu'augmenter ! Selon la dépêche de presse du département américain de la justice, le 18 janvier 1998, le nombre de condamnations avait augmenté en 1997 de 96 100.

S'agissant des camps de travail en Union soviétique, il est vrai que les conditions de détention étaient dures et difficiles pour les prisonniers mais quelle est la situation, aujourd'hui, dans les prisons américaines où est répandu la violence, le trafic de drogue, la prostitution, les abus sexuels (290 000 viols chaque année dans les prisons). Personne ne peut prétendre sortir sauf des prisons américaines ! Et dans une société qui n'a jamais été aussi riche !

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