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samedi, octobre 10, 2009

Contre le révisionnisme historique... sur les origines du fascisme et de la Seconde Guerre Mondiale

Contre le révisionnisme historique... sur les origines du fascisme et de la Seconde Guerre Mondiale


Sur le fascisme...


par Jorge Cadima, collaborateur au secteur international du PC Portugais

Pour le numéro 301 de Juillet/Août d'O Militante, revue théorique du Parti Communiste Portugais

Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Il y a 70 ans, commençait la Deuxième Guerre Mondiale. Pour la seconde fois en un quart de siècle, les rivalités et le bellicisme inhérents au capitalisme coûtaient la vie à des dizaines de milliers d'êtres humains et semaient la destruction. Entre les deux grandes guerres, la planète a été touchée par la plus grande crise économique du capitalisme connue jusqu'alors. Des entrailles d'un système d'exploitation en agonie ont surgi les monstres du fascisme et du nazisme, qui ont précipité la catastrophe de 1939-1945 et sont parvenu à établir leur empire sur quasiment tout le continent européen.


Mais le début du Vingtième siècle a été aussi une période de lutte et de progrès pour les peuples et le mouvement ouvrier depuis la grande Révolution d'Octobre, en passant par la résistance armée qui a joué un rôle décisif dans la défaite du fascisme et du nazisme, jusqu'aux profondes transformations de l'après-guerre, qui ont laissé une empreinte positive sur quasiment toute la seconde moitié du siècle. Les travailleurs et les peuples sont devenus des acteurs de premier plan de l'histoire de l'Humanité. Sans ignorer les grandes transformations ayant eu lieu entre-temps, les événements et les leçons de cette période sont toujours d'actualité au moment où l'Humanité se voit de nouveau confrontée à un capitalisme en profonde crise.



La Première Guerre Mondiale

En Août, 95 ans avaient passé depuis le déclenchement de la Première Guerre Mondiale, « une guerre impérialiste (c'est-à-dire, une guerre de conquête, de pillage et de brigandage), une guerre pour le partage du monde, pour la division et la redistribution des colonies, des 'sphères d'influence' du capital financier »1 dans les termes de Lénine.


La Première Guerre Mondiale n'a pas opposé des adversaires idéologiques ou des ennemis de classe, elle n'a pas été non plus un « choc des civilisations ». Les 15 millions de morts de la guerre de 1914-18 furent des victimes des rivalités entre les classes dirigeantes des grandes puissances européennes, « chrétiennes », défenseurs d'un même système socio-économique: le capitalisme. Ce système a connu, après 1870, un développement rapide, accompagné par la création de gigantesques monopoles, par les liens toujours plus étroits entre industrie et finance, par la financiarisation croissante de l'économie, par la nécessité d'exporter les énormes excédents de capitaux accumulés entre temps et de contrôler les sources de matière première, avec la colonisation qui en découle et le pillage des pays « périphériques ». Dans cette autre « mondialisation » on alterne entre l'entente et la rivalité. Les « vieilles » puissances impérialistes entrèrent alors en conflit avec la « jeune » Allemagne, qui est parvenu tardivement à son unification nationale mais qui, avec des taux de croissance économiques plus rapides, s'est senti dans son bon droit d'agir comme une grande puissance.2 Lénine se demande: « sur le terrain du capitalisme, quel autre moyen pouvait-il exister, si ce n'est la guerre, pour éliminer, d'une part, la disproportion entre le développement des forces productives et l'accumulation de capital, et d'autre part, le partage des colonies et des 'sphères d'influence' du capital financier? »3

La faillite de la Seconde Internationale et la Révolution d'Octobre

Le mouvement ouvrier a connu un grand développement dans les décennies qui ont précédé la Première Guerre Mondiale. A côté du renforcement syndical, se sont créés de leur côté des partis ouvriers, qui ont formé la Seconde Internationale. Mais la guerre a plongé la Seconde Internationale dans une crise profonde, due au fait que ses dirigeants ont trahi les principes toujours proclamés. Lénine a écrit: « Les socialistes du monde entier ont déclaré solennellement en 1912 [lors de la conférence de] Bâle qu'ils considéraient la future guerre européenne comme une entreprise 'criminelle' et ultra-réactionnaire de tous les gouvernements, qui devait accélérer la chute du capitalisme, en générant inévitablement la révolution contre elle. La guerre a éclaté, ainsi que la crise. Au lieu de la tactique révolutionnaire, la majorité des partis sociaux-démocrates ont adopté une tactique réactionnaire, se rangeant du côté de leurs gouvernements et de leur bourgeoisie. Cette trahison du socialisme signifie la faillite de la Seconde Internationale »4En analysant les causes de cette trahison, Lénine parle des « super-profits » résultants de l'exploitation impérialiste et de ses conséquences chez une mince couche de bénéficiaires. « Les conditions objectives de la fin du XIXème siècle ont renforcé particulièrement l'opportunisme, transformant l'utilisation de la légalité bourgeoise en servilité vis-à-vis d'elle, créant une mince couche bureaucratique et aristocratique au sein de la classe ouvrière (…). La guerre a accéléré son développement, transformant l'opportunisme en social-chauvinisme, et l'alliance secrète des opportunistes avec la bourgeoisie en une alliance ouverte ».


Les origines du mouvement communiste international se trouvent dans la rupture avec ceux qui ont défendu les bourgeoisies de leur pays dans la guerre qui a fauché des millions de personnes. La fidélité des bolchéviques à la « tactique révolutionnaire » et la justesse de son jugement sur les conditions objectives de la Russie, ont conduit, même en pleine guerre, à la Révolution Socialiste d'Octobre, neuf mois après la chute du tsarisme. Les travailleurs et le peuple, premières victimes de la guerre impérialiste, ont pris en main leur destin, lors d'un acte historique qui devait bouleverser le cours de l'Humanité et marquer tout le Vingtième siècle.



Les conséquences de la Première Guerre Mondiale


En Novembre 1918, avec une situation militaire et économique toujours plus difficile et les marins révoltés, les travailleurs allemands déclenchaient une révolution qui renverse le Kaiser, installe la République et met un terme à la guerre. Dans les mois qui suivent, et sous l'inspiration de la Révolution d'Octobre, émergent des situations pré-révolutionnaires dans plusieurs pays (Allemagne, Hongrie, Italie), qui sont réprimées de manière violente. Les bourgeoisies européennes vivent dans la peur de dénouements révolutionnaires. En 1922, en Italie, la réaction des classes dirigeantes à la montée de la lutte de masses se traduit par une nouvelle forme de pouvoir de classe, avec la violence extrême des squadre d'azione (escouades d'action), l'anti-communisme féroce, l'attaque impitoyable menée contre le mouvement populaire et même contre la démocratie bourgeoise. Le fascisme de Mussolini, en manipulant les peurs de la petite bourgeoisie ruinée par la guerre, la frustration des soldats démobilisés et en jouant sur les aspirations à « l'ordre » et au « salut de la Nation », canalise la révolte de vastes secteurs de la société, non contre les véritables causes de leurs problèmes, mais contre ses victimes.


Les théorisations actuelles, qui cherchent à découvrir des parallèles entre fascisme et communisme, se base sur la plus grossière falsification de la vérité historique. Les communistes et le mouvement ouvrier ne furent pas seulement, dès la première heure, les principales cibles et victimes de la terreur fasciste, mais le fascisme mussolinien a aussi servi d'inspiration aux bourgeoisies de l'ensemble des pays européens. A titre d'exemple, on peut noter les mots de Winston Churchill, le plus important dirigeant de la bourgeoisie anglaise du Vingtième Siècle, après une visite en Italie Fasciste, en 1927: « Ce pays donne une image de discipline, d'ordre, de bonne volonté, de visages souriants »; « si j'étais italien, je suis sûr que j'aurais été de tout mon cœur avec vous, dès la première heure, dans votre lutte triomphante contre les passions et les appétits animaux du Léninisme ».5


Dans les années qui ont suivi, la peste fasciste s'était étendue à d'autres pays, parmi lesquels le Portugal, et a conquis de nouveaux soutiens parmi les classes dirigeantes surtout après l'éclosion de la grande crise du capitalisme, en 1929. Et c'est en Allemagne, vaincue lors de la Première Guerre Mondiale et humiliée par le Traité de Versailles, que l'ascension du fascisme était destinée à avoir un impact terrible.

De Versailles à Hitler


La crainte de révolutions ouvrières n'a pas empêché, qu'après la guerre, les rivalités inter-impérialistes continuent à jouer un rôle de premier plan dans la politique des grandes puissances. Le Traité de Versailles, imposé à l'Allemagne après sa défaite, lui a enlevé ses (maigres) colonies, l'a amputée de plusieurs morceaux de son territoire européen, et lui a imposé le paiement de sommes gigantesques comme réparation des préjudices de guerre.


Dans les mots de l'ambassadeur soviétique au Royaume-Uni (1932-43), Ivan Maiski, le Traité de Versailles visait à garantir « trois choses: (1) la domination inconditionnelle en Europe de la coalition victorieuse anglo-franco-américaine (le groupe dirigeant de l'impérialisme Etats-unien aspirait déjà à ce moment-là à la domination mondiale, mais n'avait pas encore décidé de l'afficher ouvertement); (2) la subordination inconditionnelle de l'Allemagne vaincue à la coalition anglo-franco-allemande; (3) la situation d'infériorité de la Russie révolutionnaire jusqu'au moment où notre pays, comme les dirigeants de la coalition le souhaitaient sans aucun doute, tomberait sous les coups militaires et économiques de l'Alliance et serait obligé de retourner dans le giron du capitalisme »6


Les réparations de guerre imposées à l'Allemagne ont joué un rôle central dans l'hyper-inflation qui a frappé le pays entre 1921 et 1923 et ruiné de larges secteurs de la population. Mais pour la grande finance des puissances impérialistes, les années 1920 furent une manne. Selon le Professeur en Histoire économique de Cambridge, Adam Tooze, « le petit manège par lequel les allemands empruntaient aux américains pour payer les britanniques et les français, qui à leur tour payaient les américaines [des dettes contractées vis-à-vis des Etats-Unis durant la guerre] suscitait de l'anxiété de toute part. Mais il atteignait son objectif. »7 Les niveaux insupportables de l'endettement résultants de ce « petit manège » étaient à la base de l'écroulement du système financier allemand en 19318, événement qui a aggravé qualitativement la grande crise mondiale du capitalisme commencée par le krach de Wall Street en 1929.


La crise continue du capitalisme allemand entre 1914 et 33, et l'incapacité à la surmonter dans le cadre de la République de Weimar (que les franges les plus réactionnaires des classes dominantes ont toujours regardé avec méfiance), fut le facteur décisif de l'ascension de la plus violente et terrible forme de domination de classe jamais générée par le capitalisme: le nazisme hitlérien. Les communistes (qui lors des élections de Novembre 1932, avaient obtenu près de 6 millions de voix – 16,9% - et élu 100 députés) et le mouvement ouvrier furent les premières et les principales victimes du nazisme, alors qu'une partie importante de la bourgeoisie pseudo-libérale, qui aujourd'hui tente de falsifier l'Histoire, fut complaisante et complice de l'ascension d'Hitler. Tout juste après avoir été nommé Premier Ministre le 30 Janvier 1933 (sans majorité parlementaire et après avoir perdu 2 millions de voix) Hitler a organisé l'incendie du Parlement (le Reichstag), qu'il a imputé aux communistes et qui a servi de prétexte pour déchaîner la première vague de répression: « Près de 4 000 dirigeants communistes et de nombreux sociaux-démocrates et libéraux furent faits prisonniers, y compris des députés au Reichstag qui, légalement, jouissaient de l'immunité. (…) Des camions remplis de troupes de choc patrouillaient dans les rues des villes Allemandes, violant les domiciles des particuliers, rassemblant leurs victimes qui étaient menées aux quartiers des SA où elles étaient torturées et battues. La presse et les activités publiques des communistes étaient supprimées »9L'ascension du nazisme a été appuyée par le grand capital allemand. Le magnat de la métallurgie, Thyssen, finançait déjà le Parti Nazi depuis 192310Le Professeur Tooze – au-dessus de tout soupçon – a écrit: « Ce que Hitler et son gouvernement promettait, c'était de mettre fin à la démocratie parlementaire et de détruire la gauche allemande, et la majorité du grand capital allemand était disposée à apporter une contribution importante à cette entreprise. (…) Et le résultat obtenu, fin 1934, était justement celui espéré: une démobilisation populaire globale. (…) Le mouvement syndical était détruit. (…) avec la combinaison du gel des salaires dès 1933, le démantèlement des syndicats et une altitude hautement laxiste vis-à-vis des cartels industriels, (…) les perspectives de profit étaient assurément très favorables »11S'inspirant directement du modèle mussolinien, Hitler lui a adjoint une caractéristique spécifique: le racisme anti-sémite, qui lui a permis d'allier démagogie prétendument-capitaliste (en identifiant les juifs au système financier international qui a ruiné la petite et la moyenne bourgeoisie allemande) et anti-communisme (par le biais de la thèse du « complot judéo-bolchevique » visant à ruiner l'Allemagne). Ici aussi, et contrairement à ce que l'on prétend nous faire croire aujourd'hui, l'hitlérisme a montré ses affinités avec les classes dominantes européennes, où l'anti-sémitisme était monnaie courante. L'affaire Dreyfus en France12 a été seulement un épisode illustratif de conceptions dont Churchill a été aussi un partisan: « Churchill insistait sur ce qu'il considérait être l'essence juive du Bolchevisme. En privé, il décrivait le gouvernement soviétique au Ministère des Affaires Étrangères de Curzon comme "un gouvernement tyrannique de Commissaires juifs" et même en public il parlait d' "état communiste mondial sous domination juive". Dans son discours public à Sunderland, en 1920, il parlait du "Soviet international du juif russe et polonais". En Avril 1922 il écrivait une lettre [...] décrivant les bolcheviques comme des "ces conspirateurs Sémites"»13


L'ascension d'Hitler a été vue positivement par une bonne partie des bourgeoisies européennes. Le capitalisme vivait alors une crise sans précédents, au cours de laquelle la production industrielle planétaire était tombé de près de 40%, la bourse de 70% et le volume du commerce mondial de près de 30%. Le chômage touchait des millions de travailleurs et la crise économique était accompagnée de crises politiques. La survie du capitalisme était mise en doute, même par ses défenseurs. Parallèlement, la jeune Union Soviétique socialiste connaissait des taux de croissance économiques impressionnants avec les plans quinquennaux et les conquêtes sociales (emplois, éducation, santé, culture). Le contraste avec le capitalisme en crise était évident et lourd de sens politique. Les idées de transformation sociale révolutionnaire gagnaient du terrain. La grande bourgeoisie vivait une nouvelle période de peur.


Comme l'affirmait le journaliste américain William Shirer, qui fut correspondant en Europe, « je me rappelle que ce fut à ce moment-là que j'ai commencé à entendre dans les cercles de la haute société un commentaire qui est devenu presque un cantique: "plutôt Hitler que [Léon] Blum"»14


Pour la grande bourgeoisie des puissances impérialistes, l'ascension du nazisme ne représentait pas seulement une solution de force pour sauver le capitalisme allemand, mais aussi un moyen de détruire par la force la première expérience mondiale de construction du socialisme, en cours en URSS. Les plans d'expansion territoriaux et la colonisation de l'Est de l'Europe par l'Allemagne étaient clairement affichés dans le livre d'Hitler, Mein Kampf. En parlant des théories de « l'espace vital » (Lebensraum), Hitler critiquait ses prédécesseurs qui avaient créé un Empire allemand en Afrique. « La conquête de nouveaux territoires, poursuivait Hitler, (…) "est seulement possible à l'Est (...) Si nous revendiquons de nouveaux territoires en Europe, ceux-ci ne peuvent qu'être obtenus fondamentalement aux dépens de la Russie"».15La « poussée vers l'Est » (Drang nach Osten) théorisée par le nazisme représentait une issue aux rivalités inter-impérialistes et une « solution au problème russe »16 qui enchantait de larges secteurs de la grande bourgeoisie mondiale. Et cela explique l'honteuse collaboration de classe accompagnant l'ascension du nazisme, aujourd'hui niée par une bourgeoisie qui cherche à ré-écrire l'histoire.

De Madrid à Munich



La Guerre Civile d'Espagne a révélé au grand jour le collaborationnisme philo-fasciste. En 1936 le Front Populaire gagne les élections. Cette alliance de la gauche républicaine bourgeoise avec le Parti Socialiste et un Parti Communiste encore peu influent a été vue comme une menace par la réaction espagnole, parmi laquelle les latifundiaires et l'Église catholique avait une grande influence. En juillet 1936 le Général Franco déclenchait un coup d'Etat. En dépit de l'appui d'une partie considérable des forces armées, le coup d'Etat a été mis en échec dans les grandes villes par la résistance des masses. Mais les « démocraties », et parmi elles l'Angleterre, la France et les Etats-Unis, ont affiché leur « neutralité » entre un gouvernement légitimé par la Constitution et le vote, et les putschistes fascistes. La politique de « Non-intervention » est un coup mortel à la République démocratique, en grande mesure désarmée par la trahison des militaires. Grâce au soutien des masses, la République résiste pendant trois années héroïques, durant lesquelles le Parti Communiste d'Espagne se révèle un grand parti national. Mais la situation militaire est déséquilibrée de manière décisive avec l'envoi de 130 000 soldats par les puissances fascistes pour combattre aux côtés de Franco, tandis que le Comité de Non-Intervention créé par les anglais et les français empêchait la République d'acheter des armes à l'étranger. Churchill se fait l'écho, à nouveau, de vastes secteurs de la bourgeoisie quand il écrit en 1936 que le gouvernement républicain « était sous l'emprise de forces obscures et violentes qui de plus en plus montraient leur vrai visage et agissaient par le biais de l'assassinat, du pillage et des troubles syndicaux », représentant « un prolétariat misérable et arriéré qui exige la fin de l'Église, de l'État et de la propriété et l'instauration d'un régime communiste », tandis que du côté fasciste on retrouvait « des forces patriotiques, religieuses et bourgeoises, sous le commandement des forces armées (…) qui combattent pour rétablir l'ordre en instaurant une dictature militaire »17 Ce fut encore Churchill qui, en Juillet 1937, lors d'une intervention au Parlement britannique, a demandé la reconnaissance des franquistes comme gouvernement légitime de l'Espagne.18


Le collaborationisme anglo-français vis-à-vis des agressions fascistes est apparu clairement lors de l'invasion de l'Ethiopie par l'Italie, en 1935, s'est poursuivi avec l'annexion de l'Autriche (l'Anschluss de Février 1938) et a atteint son apogée avec l'honteux Traité de Munich. Dans les derniers jours de Septembre 1938, les Premiers Ministres Français et Anglais se sont réunis avec Hitler et Mussolini pour concéder à l'Allemagne d'importantes parcelles du territoire de la Tchécoslovaquie. Laissant les représentants légitimes tchèques en dehors de la réunion, Chamberlain et Daladier ont approuvé le démembrement du pays, en dépit du Traité selon lequel la France s'engageait à défendre la Tchécoslovaquie en cas d'agression. A la honte de la capitulation a succédé l'humiliation de voir Hitler piétiner, en l'espace de quelques semaines, les propres termes de l'accord, annexant le reste du territoire tchèque en Mars 1939.

La guerre et la défaite du nazisme et du fascisme

La politique de collaboration a renforcé le monstre nazi et a rendu la guerre inévitable. En incitant l'expansionnisme allemand, les classes dirigeantes des autres puissances impérialistes se sont condamnées à être elles-mêmes les victimes du militarisme nazi. Sur certains aspects, la Deuxième Guerre Mondiale fut le prolongement de la Première Grande Guerre. Le nazisme, dictature terroriste du grand capital allemand, n'a pas oublié les leçons de l'Histoire et la manière dont l'Allemagne fut traitée par ses « frères de classe » en 1918. Comprenant que les démocraties bourgeoises occidentales, et en particulier en France, étaient profondément corrompues par le collaborationnisme, Hitler a décidé de déclencher la guerre à l'Occident avant d'entreprendre son objectif stratégique, celui d'attaquer l'URSS, afin d'éviter le danger qui avait condamné l'Allemagne à la défaite de 1918: avoir à combattre simultanément sur deux fronts. La bourgeoisie française a poussé l'aveuglement jusqu'à ses ultimes conséquences. Confrontée à l'agression nazie, en juin 1940, elle a capitulé en quelques semaines, une bonne partie de sa classe dirigeante se couchant devant le régime fantoche et collaborateur, mené par le Maréchal Pétain. La combativité de la classe dirigeante française s'est juste révélée dans la lutte contre le Parti Communiste Français, qui fut interdit et poursuivi à partir de septembre 193919Mais ce furent les communistes qui, dans les conditions très difficiles du moment, ont hissé le drapeau de la résistance et ont construit une guerrilla populaire qui a contribué de manière importante à la défaite du nazisme. La grande bourgeoisie anglaise n'a pas eu d'autre choix que de réorienter (via Churchill) toute sa politique.


Il est ridicule d'affirmer que le Traité de Non-agression signé entre l'URSS et l'Allemagne en Août 1939 a été la cause de la guerre, faisant table rase de la nature du régime nazi, de la collaboration des puissances capitalistes et de la manière dont elles ont encouragé l'expansionnisme allemand à l'Est. Jusqu'à la fin, les dirigeants soviétiques ont lancé des initiatives répétées et insistantes pour signer, avec l'Angleterre, la France et d'autres puissances européennes, des traités de défense mutuelle ou donner des garanties à d'autres pays menacés par le nazisme et le fascisme. Ce fut le refus de cette collaboration et l'aveuglement anti-communiste et philo-fasciste de cercles importantes des classes dirigeantes européennes qui ont conduit à la guerre. Un historien militaire français et gaulliste écrit: « Il n'est pas correct, comme le firent plus tard les pays occidentaux, d'invoquer une quelconque similitude entre l'URSS et l'Allemagne pour voir dans ce fait le fondement véritable du pacte germano-soviétique. L'hostilité féroce envers le communisme et la volonté de le détruire sous toutes ses formes, étaient à l'origine même des mouvements fascistes. Hitler a toujours présenté le national-socialisme comme un instrument de mort dirigé contre le bolchévisme. (…) C'est le Parti Communiste Allemand qui l'a interdit et détruit en premier lieu (…) Mais c'était les données stratégiques qui devaient décider du choix fait à Moscou et qui, en fin de compte, ont prévalu sur tout le reste »20 L'URSS signe le Traité pour éviter de se trouver dans la même situation que la République Espagnole.


Tout comme les communistes furent les premières et les principales victimes du fascisme partout, ce furent aussi les communistes qui ont apporté la contribution principale et décisive à la défaite du nazi-fascisme, surtout grâce à l'Armée Rouge et à l'URSS, qui ont affronté et vaincu le gros de l'armée nazi. Quand à l'hiver 1941 les troupes allemandes étaient aux portes de Moscou, la quasi totalité de l'Europe était sous l'empire du fascisme et de des alliés. Les batailles décisives de la Deuxième Guerre Mondiale, qui ont changé le cours des événements, se sont déroulées (aux grands regrets donc d'Hollwood, de discours d'Obama et de la mythologie négationniste de notre époque) sur le sol soviétique en 1941-43. Ce fut à Moscou, à Stalingrad, dans la résistance héroïque pendant le siège de Leningrad, à Kursk et dans tant d'autres villes où, au prix de terribles sacrifices et pertes humaines et matérielles, le peuple et les communistes soviétiques ont vaincu la machine de guerre allemande. Quand les troupes anglo-américaines ont débarqué en Normandie, en juin 1944, l'Armée Rouge avait libéré la quasi totalité du territoire soviétique et combattu pour la libération des pays limitrophes. Et dans les pays occupés, en Italie, en Grèce, en France, en Yougoslavie, en Chine, et dans tant d'autres, les communistes furent les premiers et les principaux acteurs de la résistance armée qui a assuré la défaite finale de la plus terrible expression de la domination capitaliste.


Quand aujourd'hui on réécrit l'Histoire, en réhabilitant le fascisme, en occultant le rôle décisif des communistes dans sa défaite, ou en en arrivant à cette tentative extrême honteuse de mettre sur une même plan communisme et fascisme (comme l'a fait récemment le Parlement Européen), ce n'est pas seulement une injustice terrible et une falsification historique. C'est aussi ouvrir les portes, à nouveau, pour qu'un capitalisme en profonde crise et créateur de misère, de guerre et d'exploitation, puisse recourir à des solutions de force et de violence extrême pour tenter de maintenir sa domination. La défense de la vérité historique est, pour cela même, partie intégrante des luttes qu'il est nécessaire de mener aujourd'hui.


Site d'O Militante: http://omilitante.pcp.pt/ 



1Lénine, «L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme»

2 Churchill, dans son histoire de la Première Guerre Mondiale (« La Crise Mondiale » , 1911-1918 ») considère que le facteur décisif de déclenchement du conflit a été le fait que l'Allemagne a voulu créer une Marine qui menaçait la suprématie navale mondiale de l'Empire Britannique.

3Lénine, op cit

4Lénine, « Le socialisme et la guerre »

5 Clive Ponting, «Churchill»

6 Ivan Majskij, «Pourquoi la Seconde Guerre Mondiale a-t-elle éclaté? »

7Adam Tooze, «The wages of destruction – The making and breaking of the Nazi economy»

8Adam Tooze, op cit

9William L. Shirer, «The rise and fall of the Third Reich»

10Kurt Gossweiler, «Hitler, l'irrésistible ascension?», Une bonne source pour l'histoire de l'ascension d'Hitler.

11Adam Tooze, op. cit

12cf par exemple, William L. Shirer, «The collapse of the Third Republic»

13Clive Ponting, op. cit

14William L. Shirer, «The collapse of the Third Republic»

15William L. Shirer, «The rise and fall of the Third Reich»

16Expression que le Primier Ministre anglais Chamberlain a utilisé avec Hitler lors de la capitulation honteuse de Munich (cf William L. Shirer, «The rise and fall of the Third Reich»,  op. cit.).

17Clive Ponting, op. cit.

18Clive Ponting, op. cit.

19Charles Tillon «Les F. T. P.», énumère les chiffres de la répression: «620 organisations syndicales dissoutes; [...] 2778 élus communistes ont été déchus de leur mandat ; la presse communiste fut interdite; jusqu'au 7 Mars 1940, on compte 3440 arrestations [...]; 26 deputados ont été arrêtés et il y eut plusieurs condamnations à mort » d'importants dirigeants du PCF.

20Paul-Marie de la Gorce «39-45, Une guerre inconnue»