Alerte OTAN ! n°31 / Juillet-Août-Septembre 2008
Bulletin trimestriel du Comité de surveillance OTAN,
Numéro 31, juillet-septembre 2008
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Sommaire
- Dossier Géorgie
- Lorsque l'Otan refusait d'arrêter la folle course aux armes nucléaire
50e anniversaire du mémorandum du gouvernement polonais sur le "plan Rapacki"
- Retrait des troupes belges d'Afghanistan !
- L'Amérique Latine et l'Otan
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Édito
Crise de l'Otan de l'Afghanistan à la Géorgie
Vers une dangereuse fuite en avant
Depuis le sommet de l'Otan à Bucarest, deux des principaux objectifs à atteindre énoncés dans la déclaration des 26 chefs d'Etats membres de l'Alliance sont sérieusement remis en question : imposer la Pax Otana à l'Afghanistan et rapprocher encore cette organisation des frontières de la Russie, via la Géorgie et l'Ukraine.
Des soldats belges et français envoyés en Afghanistan en renfort de l'Isaf en reviennent déjà, morts ou blessés, tandis que les protestations contre l'engagement militaire de l'Otan se multiplient en Europe, ainsi que les remises en question du bien-fondé de cette participation à une guerre qui n'ose pas dire son nom et que le peuple afghan vit comme une occupation de son pays. Malgré cela, notre gouvernement persiste dans sa politique de soutien inconditionnel et inconsidéré à cette opération et ferme la porte à tout débat public, et même à tout débat parlementaire, en imposant des huis-clos aux réunions de la commission de la Défense. On semble vraiment oublier le caractère criminel et fondamentalement illégal de cette guerre qui dure depuis le 7 octobre 2001.
Après le fiasco de la tentative géorgienne de récupérer par la force l'Ossétie du Sud au risque de provoquer un affrontement direct avec la Russie, l'intégration de la Géorgie à l'Otan est devenue un sujet de crise majeure au sein même de l'Otan. Comme l'ont dénoncé les sénateurs belges Josy Dubié et Christine Defraigne, au retour de leur visite en Géorgie et en Ossétie du Sud, le gouvernement géorgien a pris l'initiative des combats et a commis de nombreux crimes de guerres en bombardant sciemment des objectifs civils à Tskhinvalli et dans les environs, bien avant que l'armée russe franchisse le tunnel séparant l'Ossétie du Nord et l'Ossétie du Sud.
Le CSO invite le mouvement de paix à relayer leur appel pour que la Belgique use de son droit de veto à l'entrée de la Géorgie dans l'Otan : L'adhésion de ce pays risquerait de nous entraîner dans une guerre contre la Russie pour la défense d'un régime autocratique et irresponsable, au nom de la solidarité entre pays membres de l'Otan.
Le questionnement sur le rôle et la raison d'être de l'Otan va s'amplifier au vu de ces derniers événements. Il est capital de préparer une riposte internationale au sommet devant marquer le 60e anniversaire de l'Otan, prévu en avril prochain. Il faut aussi souligner l'appel du Forum social européen réuni à Malmö qui a décidé de participer pleinement à la préparation d'un contre-sommet de l'Otan et demandé au Forum social mondial de faire du 4 avril 2009 une journée mondiale de lutte contre l'Otan, dont la capacité de nuisance et le rôle déstabilisateur sont de plus en plus reconnus. Bref, comme jamais auparavant, la résistance à l'Otan s'organise. Basé à Bruxelles, à quelques kilomètres du siège de l'Otan, le CSO se réjouit d'apporter sa pierre à ce combat.
Forum Social Européen de Malmö :
Appel à rejoindre la mobilisation contre l'Otan d'avril 2009
Extrait de la Déclaration finale
« Au niveau européen, nous sommes témoins d'un front libéral et anti-social dans tous les domaines : crise économique et financière, augmentation des prix, crise alimentaire, privatisations, et démantèlement des services publics, dérégulation des conditions de travail, décisions de la Cour de justice démantelant la Politique Agricole Commune, renforcement de l'Europe-forteresse contre les immigrants, affaiblissement des droits démocratiques et civils, répression croissante, interventions militaires dans des conflits externes, bases militaires.... tout cela dans un monde où les inégalités, la pauvreté, la guerre globale et permanente augmentent de jour en jour. Dans ce contexte de crise globale, nous voulons réaffirmer que des alternatives existent pour la justice, la paix, la démocratie et l'environnement dans le monde. (...)
2) contre l'Otan et la guerre, nous appelons à une grande manifestaion le 4 avril 2009 à Strasbourg-Kehl, centres de la célébration du 60e anniversaire de l'Otan, pour dire « Stop à l'Otan » et pour dissoudre cette terrifiante machine de guerre. Le même jour, nous appelons à des manifestations dans tous les pays d'Europe.
Nous proposons que le Forum Social Mondial à Belem, déclare le 4 avril 2009, journée de mobilisation internationale contre l'Otan (...) »
L'Otan en Géorgie
Un partenariat très particulier est instauré entre l'Otan et la Géorgie depuis 2004: il s'appelle « plan d'action individuel pour le partenariat » (IPAP). Des partenariats semblables existent entre l'Otan et plusieurs ex-républiques soviétiques (Azerbaidjan, Arménie, Kazakhstan, Moldavie), ainsi que plusieurs pays issus de l'ex-Yougoslavie (Bosnie, Herzégovine, Montenegro).
Dans le cas de la Géorgie, l'IPAP est devenu un moyen commode de contourner les réticences de certains pays membres de l'Alliance vis-à-vis de l'adhésion de ce pays à l'Otan. Puisque ces décisions au sommet de l'Otan se prennent encore au consensus, il est plus difficile aux Etats-Unis et aux pays européens « partisans » de la Géorgie, d'obtenir cette adhésion.
Le Sommet de Bucarest d'avril dernier a certes déclaré formellement que la Géorgie, tout comme l'Ukraine, devaient devenir membres de l'Otan. En décembre, une réunion des ministres de la Défense et des affaires extérieures de l'Alliance devrait décider de commencer ou non le processus formel d'adhésion.
La guerre lancée en août dernier contre l'Ossétie du Sud par le gouvernement de Saakashvili et ses alliés dans l'Otan, visait entre autres à accélérer ce processus d'adhésion, à provoquer la Russie et démontrer aux pays hésitants que « l'ennemi russe » est toujours là, et qu'il faut plus que jamais l'encercler et l'isoler. Si d'une part, cette aventurisme géorgien a encore augmenté les divergences et les réticences au sein de l'Otan, de l'autre il a aussi servi à renforcer les liens de la Géorgie avec l'Otan, sans attendre de passer « l'examen » de l'adhésion officielle et le risque de le rater. C'est à cela que sert le Partenariat individuel.
Dès le début de la guerre d'août, l'Otan a soutenu la Géorgie et condamné la Russie. En septembre, Joop de Scheffer s'est rendu à Tbilissi avec un important staff pour réaffirmer ce soutien et l'aider à se « reconstruire ». Saakhashvili avait annoncé des destructions massives par l'armée russe, de ports, de bâtiments civils, des déportations ethniques etc.. Aucun communiqué officiel de l'Otan ne fait un bilan de ce qui aurait été détruit. Mais « l'aide otanienne » semble déjà très conséquente. Au travers de l'IPAP, l'Otan intervient dans « des questions politiques et de sécurité, des questions de défense, de sécurité et militaires, information publique, science et environnement, plans civils d'urgence, questions administratives, questions de sécurité, de protection et de ressources ». (selon les textes officiels de l'Otan). Le champ de l'aide de l'Otan est donc aussi vaste que sa discrétion sur les montants et le contenu de cette aide.
Les parlementaires belges, Josy Dubié et Christine Defraigne, se sont rendu par contre, à titre personnel, sur le terrain de la guerre déclenchée par la Géorgie, à Tskhinvalli et ont constaté les vrais dégâts et les dommages mortels causés à la population civile. Ils en ont conclu que Saakhashvili a commis des crimes de guerre et doit être mis en jugement par un tribunal international pour ces crimes. Ils réclament fermement que la Belgique oppose son droit de veto à toute demande d'adhésion de la Géorgie à l'Otan. Nous saluons ici leur courageuse démarche. Il faut soutenir cette exigence ! En même temps, il faut être vigilants sur tous les moyens indirects qui permettent à l'Otan de s'installer en Géorgie sans attendre une adhésion formelle.
Claudine Pôlet
Kosovo-Ossétie : cherchez la différence !
Dessin de Too Borkovic, www.kosovocompromise.com |
Le 26 août, six mois à peine après la proclamation d'indépendance du Kosovo, la Russie reconnaissait les indépendances de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, territoires en état de sécession de la Géorgie depuis qu'elle a elle-même proclamé son indépendance de l'ex-URSS.
Réponse du berger à la bergère ? En tout cas, les dirigeants des pays occidentaux et les commentateurs les plus diffusés n'ont pas hésité à affirmer que l'on ne pouvait pas comparer les deux situations, que la Russie violait grossièrement le droit international et que l'intégrité territoriale géorgienne devait être respectée.
Par contre, la Russie, la Serbie, la Roumanie, mais aussi les présidents tchèque et polonais, et même certaines voix en Géorgie (qui n'a pas reconnu l'indépendance du Kosovo, malgré sa proximité avec Washington) soulignaient que la reconnaissance de l'indépendance kosovare avait bel et bien, et comme annoncé, servi de précédent, ouvrant une boîte de Pandore qui risque de ne pas se refermer de si tôt.
Droits de l'homme ?
Selon les partisans de la thèse de l'« unicité kosovare », pour qui la proclamation d'indépendance de Pristina serait pour reprendre le terme qu'ils affectionnent depuis quelques mois un cas sui generis (« de son propre genre »), ne pouvant être reproduit ailleurs, le Kosovo aurait gagné son droit à l'indépendance à cause des violations des droits de l'homme, voire du « génocide », que la Serbie de Milosevic y aurait commise. Dans les régions sécessionnistes géorgienne, de telles exactions ne s'y seraient jamais produites.
Cet argument ne résiste cependant guère à l'examen des faits. Au Kosovo, des suites du conflit armé, depuis l'apparition de l'Armée de libération du Kosovo (début 1996) jusqu'à à la fin des bombardements de l'OTAN (juin 1999), quelque 10.000 personnes ont péri, civils et militaires, dont au moins 80 % pendant les trois mois de frappes de l'OTAN. Si les victimes ont été en majorité albanaises, on a également compté des milliers de Serbes et autres non-Albanais.
En Ossétie du Sud (1991-1992) et en Abkhazie (1992-1993), ce sont sans doute plus de 20.000 personnes qui ont perdu la vie pendant les hostilités avec les forces géorgiennes dirigées successivement par les Présidents Gamsakhourdia et Chevardnadze. Plus du double qu'au Kosovo. Et si l'on tient compte du nombre d'habitants de ces trois entités, la mortalité en Ossétie et Abkhazie a été de l'ordre de 10 fois plus élevée qu'au Kosovo. Sans même parler des victimes du récent conflit, qui aurait fait, au cours d'une seule nuit de bombardements massifs géorgiens, plus de mille morts dans la population civile ossète. Si le droit à l'indépendance dépend de l'ampleur des exactions commises par le pouvoir central, c'est donc bien celle de l'Ossétie du Sud qui paraît la plus justifiée !
Négociations ?
Deuxième argument avancé par les disciples de la théorie de l'« exception » kosovare, la proclamation d'indépendance aurait été, dans ce cas, mais pas dans l'autre, précédée d'un long processus de négociations sous les auspices de l'ONU. Mais peut-on qualifier de « négociations » les pourparlers serbo-albanais organisés par l'envoyé de l'ONU, l'ancien Président finlandais Marti Ahtisaari ? Avant même qu'ils aient débuté, en février 2006, il déclarait qu'il ne voyait pas d'autre option que l'indépendance du Kosovo. Une approche aussi partiale a bien entendu radicalisé la position albano-kosovare et ne pouvait conduire au moindre accord. Seul le dernier round de pourparlers, dans le courant de 2007, sous les auspices d'une troïka de médiateurs européen, états-unien et russe, a permis à la Serbie de proposer différents modèles d'autonomie pour sa province, respectant au moins formellement son intégrité territoriale. Mais, forte du soutien indéfectible des États-Unis, Pristina n'était prête à aucun compromis et ne souhaitait que la fin des négociations.
En Géorgie, des cadres de négociations ont été mis en place après les conflits du début des années '90. Pour l'Abkhazie, le processus est organisé par le « Groupe des amis du Secrétaire général », un groupe se référant donc explicitement au Secrétaire général de l'ONU. Il est vrai que, depuis une offensive géorgienne en 2006, les négociations étaient dans l'impasse, Tbilissi refusant de s'engager à renoncer à l'usage de la force dans ses relations avec l'Abkhazie. Concernant l'Ossétie du Sud, une « Commission de contrôle conjoint » est chargée de trouver une solution au conflit. Supervisée par l'OSCE, son format est quadripartite (Russie, Ossétie du Nord et du Sud, Géorgie) et elle est boycottée depuis plusieurs mois par Tbilissi qui s'y estime minorisée. Jusqu'à la récente offensive géorgienne, du moins, un processus de négociations, supervisé par l'ONU ou l'OSCE, existait donc également dans les cas ossète et abkhaze, bien que bloqué, essentiellement à cause des actions bellicistes et du boycott initiés par le pouvoir central. Notons que, à l'inverse, depuis juin 1999, la Serbie a renoncé à toute tentative de récupération du Kosovo par la voie militaire et qu'elle continue de réclamer la reprise des négociations sur le statut final de ce territoire.
Résolutions et démocratie ?
Un autre argument « juridique » parfois avancé par les promoteurs du « Kosovo sui generis » serait que, tous les six mois, le Conseil de sécurité de l'ONU réaffirme dans une résolution son attachement à l'intégrité territoriale de la Géorgie, alors qu'il ne l'a plus fait dans le cas de la Serbie depuis la fameuse résolution 1244 de juin 1999. Mais ils omettent de mentionner que cela se fait dans le cadre du renouvellement bisannuel du mandat de la mission d'observation de l'ONU en Abkhazie, alors que le mandat de la mission déployée au Kosovo (actuellement en forte réduction) est illimité dans le temps.
Enfin, selon ces derniers, la légitimité de l'indépendance du Kosovo et l'illégitimité de celle des deux entités caucasiennes tiendraient au fait que les États « démocratiques » ont reconnu l'indépendance de Pristina, tandis que la Fédération de Russie, un État « autoritaire », est pratiquement seule à avoir reconnu l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud indépendantes. Outre qu'il range des pays comme l'Afghanistan et la Colombie (ayant reconnu le Kosovo) dans le camp « démocratique », cet argument est surtout révélateur du fait que le poids diplomatique de Washington et de ses alliés, notamment au sein de l'OTAN, reste bien supérieur à celui de Moscou. De toute façon, le nombre d'États ayant reconnu ces sécessions non autorisées par le Conseil de sécurité reste bien loin d'atteindre la majorité des membres de l'ONU : sept mois après sa proclamation, l'indépendance du Kosovo n'était pas reconnue par les trois-quarts des États de la planète.
La thèse des « bonnes et des mauvaises indépendances » est donc visiblement basée sur des raisonnements spécieux et des arguments non fondés. L'indépendance du Kosovo est aussi peu légale, selon le droit international, que celle de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Envers ces dernières, la Russie n'a fait que reproduire les justifications occidentales répétées en soutien à Pristina. Comme on le redoutait, la reconnaissance du Kosovo sert de précédent et rien n'indique que l'on s'arrêtera là. De la Bolivie au Cachemire, de la Roumanie à la Belgique, les idées séparatistes ont le vent en poupe et, dans certains cas, des conflits armés seront impossibles à éviter. La boîte de Pandore a bel et bien été ouverte. Les effets déstabilisateurs de la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo par les puissances occidentales ne se limiteront, hélas, ni aux Balkans ni au Caucase.
Georges Berghezan
Géorgie : Les Roses dans les Choux ?
Propagande, amnésie et bons sentiments
La nuit du 7 août, à l'ombre des feux de l'ouverture des jeux olympiques, la Géorgie a lancé une attaque massive sur l'Ossétie du Sud. Tskhinvali a été pilonnée et à moitié rasée, des habitations, des hôpitaux, des écoles ont été visés et détruits ; il y a certainement plusieurs centaines de civils tués.
Pour beaucoup de gens ici cependant, le sentiment a été que la Russie a brutalement envahi la Géorgie. La manière dont la propagande a fonctionné est une nouvelle fois ahurissante. Les médias ont réussi auprès d'une grande partie de l'opinion publique à faire passer l'agresseur pour une victime. A la une du Monde le dessin de Plantu donnait le ton : une frêle femme, son bébé dans les bras sur fond de drapeau géorgien menacée des 4 côtés par d'énormes soldats russes à gueule de Poutine. La RTBF consacre une heure "Face à l'info" (sic) à faire l'amalgame entre les chars russes à Prague en 68 et en Géorgie. On se croyait revenu aux plus glorieuses heures de la désinformation anti-serbe.
Personne, dans les médias "de référence" ne se demande si l'Otan est très bien placée pour parler de réaction disproportionnée, elle qui a de manière si bien proportionnée écrasé pendant 78 jours la Yougoslavie sous les bombes en 1999.
Personne ne rappelle que la même Condoleezza Rice qui parle aujourd'hui de l'"usage de force disproportionnée" de la part de la Russie, affirmait en 2006 que les pertes et les destructions infligées par Israël au Liban ne représentaient que "les douleurs de l'enfantement" du nouveau Moyen-Orient.
Personne enfin n'éclate de rire lorsque les représentants des pays qui ont mené l'invasion et la destruction 'Shock and Awe' de l'Irak, s'étranglent d'indignation aujourd'hui devant "le viol du droit international par la Russie" (David Milliband) ou de son "recours à la force brutale" (Dick Cheney). Ou lorsque George Bush déclare en gardant son sérieux que "les brimades et l'intimidation ne sont pas des façons acceptables de mener la politique étrangère au XXIe siècle".
Non, les médias préfèrent nous raconter de belles histoires de liberté et de démocratie, d'impérialisme russe voulant restaurer sa sphère d'influence au détriment des aspirations à la liberté des peuples voisins, et si on parle parfois de ressources énergétique, c'est pour souligner combien notre dépendance nous empêche de défendre "nos valeurs"
L'impérialisme, de défaite en défaite
Depuis le coup d'état dit "Révolution des Roses" en 2003, les dépenses militaires de la Géorgie ont littéralement explosé ; elles auraient été multipliées par plus de 20 en quelques années1. Et pourtant : Cette armée suréquipée, bénéficiant de matériel dernier cri et de formateurs israéliens et états-uniens, cette magnifique machine de guerre a été balayée en moins de cinq jours.
Selon Der Spiegel, le plan de la Géorgie aurait été d'avancer jusqu'au Tunnel de Roki en une blitz-krieg, et de couper rapidement l'Ossétie du Sud de la Russie2. Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est raté.
Il est très difficile de croire que les conseillers US qui entourent le président Saakashvili n'aient pas au moins été tenu informés de ses intentions, et il est même plutôt vraisemblable qu'il avait reçu le plein aval de l'ami américain; en témoigne d'ailleurs l'acharnement de l'administration états-unienne à défendre les agissements de leur protégé au mépris des faits. Cette défaite cinglante n'en est que plus significative.
Les capacités offensives généreusement accordées à la Géorgie ont en grande partie été éliminées par les bombardements russes ; les soldats géorgiens ont abandonné dans leur fuite du matériel US de haute technologie que les Russes peuvent étudier tout à loisir ; enfin l'occupation de l'Irak a été déforcée de 2.000 hommes. Il est extrêmement douteux que cela se trouvait dans un quelconque plan US. Une telle déroute était inattendue, et ceci explique le désarroi actuel. Les États-Unis et leurs alliés pourraient bien venir de subir une nouvelle défaite essentielle, comme au Liban en août 2006, comme en Irak et en Afghanistan, comme au Venezuela et en Bolivie.
Divisions alliées ..
Mais l'enjeu caucasien est trop important, et l'option de la fuite en avant pourrait être celle qui est en train d'être suivie par les États-Unis, et leurs relais usuels. Trois navires de guerre états-unien ont accosté en Géorgie sous prétexte d'apporter du matériel humanitaire. Ils rejoignent six autres navires de l'Otan, opportunément "en exercice" dans la Mer Noire. Les responsables de l'administration Bush font tout, par leurs propos et par leurs actes, pour jeter de l'huile sur le feu.
Il est certain que les alliés européens subiront de fortes pressions pour faire rentrer au plus tôt la Géorgie et l'Ukraine dans l'Otan. Un scénario envisagé pourrait bien être de contraindre à la solidarité atlantique face à ce qui nous serait évidemment présenté comme une agression de l'autre les médias se sont suffisamment exercés - au nom bien entendu de la liberté, des droits de l'homme et de la démocratie. Le forcing états-unien d'avril dernier à Bucarest pour admettre tout de suite la Géorgie dans l'Otan prend une singulière signification. Si cela avait été le cas, nous serions actuellement en guerre
Cependant une bonne partie de l'Europe semble assez peu enthousiaste pour une nouvelle guerre au profit des USA. Quel que soit le ridicule d'une déclaration condamnant la réaction russe, sans condamner un seul instant l'action géorgienne, le fait est que la prise de position officielle de l'Otan et celle de l'UE, trahissent en fait la profonde division des 'Alliés'. Les déclarations du secrétaire général de l'Otan fulminant contre l'accord de paix de l'UE en sont un autre signe. A côté des déclarations US, britannique, polonaise et balte sur l'agression russe, il y a celles, plus discrètes des autres, qui ont bien sûr le gros avantage d'avoir les faits de leur côté. "Le comportement de la Géorgie ne semble pas toujours être très contrôlable" avance timidement De Gucht, son homologue allemand demande à l'Europe de "conserver un reste de raison", des eurodéputés libéraux reprochent à l'Union européenne d'avoir été trop clémente envers la Géorgie en ne soulignant pas sa part de responsabilité. Enfin, quoiqu'on pense des Sarkozy et Merkel, leur opposition à l'entrée de l'Ukraine et de la Géorgie dans l'Otan, et leur rôle conciliateur dans la crise actuelle semble indiquer que la réalité économique a rattrapé leur atlantisme ; les intérêts du capital européen ne coïncident pas avec ceux des USA.
Reste à savoir s'ils sont encore en mesure de résister aux pressions. Et surtout s'ils en ont la volonté politique : car L'UE et les Etats-Unis font partie d'un même monde, et l'écroulement de leur pesant protecteur serait aussi la fin de la domination post-coloniale de l'"Occident"
Le temps presse. L'économie US est virtuellement en faillite ; elle ne sera pas éternellement renflouée par l'extérieur (dont l'UE, le Japon, et la Chine!). L'émergence de puissances qui pourraient contester leur suprématie - en particulier leur mainmise sur les richesses du globe et l'imposition du dollar comme référence - signifie à terme leur effondrement. Reste leur écrasante supériorité militaire, la plus phénoménale de toute l'histoire humaine, et la fuite en avant militaire pourrait bien être la seule issue pour l'impérialisme moribond.
Roland Marounek
1. Le Monde, 16 septembre
2. Der Spiegel, 9 septembre. Le Tunnel de Roki est la seule voie d'accès entre l'Ossétie du Sud et la Russie
Point de vue du Comite Surveillance Otan, 14 août 2008 :
L'Otan en Géorgie... sans attendre la Géorgie dans l'Otan ?
L'affrontement militaire entre la Géorgie et la Russie embrase le monde entier, il ne s'agit manifestement pas d'une question bilatérale de disputes pour le territoire de l'Ossétie du Sud. C'est une question complexe qu'il faut analyser sous beaucoup de facettes : la défense du droit du peuple d'Ossétie du Sud à disposer de lui-même, la défense de l'intégrité territoriale de la Géorgie, le retour à « la guerre froide », l'affrontement global Russie-Etats-Unis, la géopolitique et les intérêts pétroliers, les grandes et petites puissances, le rôle des medias, propagande ou information, etc..
Le Comité Surveillance Otan voudrait mettre en évidence ici l'attitude et le rôle de l'OTAN vis-à-vis de la Géorgie, qui nous paraît très important et qui concerne directement la Belgique et le mouvement pacifiste et progressiste de notre pays, membre de l'Alliance Atlantique.
Le Sommet de l'Otan à Bucarest en avril dernier annonçait sa décision d'intégrer la Géorgie (et l'Ukraine) à l'Otan. Un conseil des ministres des pays membres de l'Alliance était prévu pour le mois de décembre afin d'engager le processus d'intégration. Les réticences de certains pays membres (en particulier France, Allemagne) se sont manifestées, dans la crainte d'une confrontation directe avec la Russie et la peur d'être entraînés malgré eux dans une guerre généralisée : la Géorgie dans l'Otan pourrait invoquer « l'article 5 » du Traité Atlantique et demander l'aide des autres pays membres si elle se considère agressée. Il est certain que les différents pays membres de l'Otan ont des divergences d'intérêts économiques quand il s'agit de l'approvisionnement énergétique et que certains pays de l'Union Européenne dépendent actuellement beaucoup des fournitures de la Russie en gaz et en pétrole. L'Otan qui a réaffirmé au dernier Sommet de Bucarest sa volonté de garantir la sécurité énergétique de ses membres n'a pas une vision homogène sur comment assumer cet engagement. Mais la Géorgie est un pays important pour s'assurer un passage des pipelines du Caucase sans devoir traverser la Russie, et donc pour contribuer à cette sécurité énergétique visée par l'Alliance Atlantique.
Fort de ce soutien officiel et des promesses de l'Otan, et fort également d'un budget militaire en augmentation folle depuis 4 ans, d'armements fournis par les Etats-Unis, l'Ukraine et Israël et d'une armée gonflée comme la grenouille de la fable, le gouvernement géorgien de Saakachvili, a lancé jeudi soir, à l'ombre des Jeux Olympiques, une brutale expédition militaire sur l'Ossétie du Sud, bombardant et détruisant la capitale, tuant plus d'un millier de civils et 47soldats russes de la Force de Paix. Et c'est la Russie que nos medias et nos gouvernements présentent comme « l'agresseur » !
Rappelons quelques faits : les soldats russes sont en Ossétie du Sud depuis plus de 10 ans, à côté de soldats géorgiens, d'Ossétie du Sud et du Nord, sur la base d'accords établis par la CEI, cautionnés par l'OSCE, et pour garantir la paix dans la région jusqu'à ce que des négociations aboutissent à un consensus sur le statut de l'Ossétie du Sud. Par son entrée en guerre, la Géorgie rompt brutalement ce processus. Ensuite, c'est le bandit qui crie au voleur ! Puisque la "Communauté Internationale" a, de manière aussi flagrante, inversé la réalité, changé une agression par la Géorgie en agression contre la Géorgie, il est à craindre que Saakashvili continue de plus belle, avec des violations du cessez-le-feu qui seront sans doute pareillement appelées violations russes, jusqu'à obtenir le soutien militaire désiré.
Le secrétaire général de l'Otan condamne « la riposte disproportionnée de la Russie ». L'Otan ne trouve pas "disproportionnés" le pilonnage et la destruction de la capitale ossète, le bombardement des écoles et des hôpitaux, le massacre avéré de blessés... Par contre, l'Otan offre déjà à la Géorgie une aide financière pour remplacer les radars détruits par l'armée russe.
On peut ajouter à cela, la militarisation forcenée de la Géorgie, l'aval donné par l'Otan au déploiement du système anti-missiles dans plusieurs pays européens limitrophes de la Russie, (outre le fait que des éléments du bouclier pourraient être installés en Géorgie même) et maintenant cette provocation militaire du gouvernement géorgien, l'annulation de la rencontre du partenariat Otan-Russie. Toute cette attitude de l'Otan est très préoccupante et peut faire craindre un entraînement dans un nouvel engrenage guerrier.
L'Union Européenne se présente comme un médiateur « neutre ». Kouchner fait le commis-voyageur de bonne volonté entre Tbilissi et Moscou, et déclare que ce conflit est absurde et moyenâgeux, Mais lui-même a agi comme un proconsul d'Empire romain au Kosovo, il a fini par cautionner l'intervention militaire de l'OTAN et le séparatisme des chefs de guerre albanais, l'épuration ethnique contre les Serbes et les autres petites communautés, et ouvert la voie à la déclaration d'indépendance du Kosovo et l'installation permanente de l'OTAN dans les Balkans.
Aujourd'hui, pas plus que dans le cas de la Yougoslavie, ou de l'occupation actuelle de l'Afghanistan par l'Otan et les forces militaires US, on ne doit se faire d'illusions sur la réelle capacité ni sur le réel intérêt de l'Union Européenne de jouer à l'arbitre, au médiateur neutre entre Tbilissi et Moscou. L'Union Européenne n'est évidemment pas neutre : outre les manifestations de solidarité de la Pologne et des Pays Baltes, on doit également souligner la déclaration du premier ministre britannique, selon laquelle « la responsabilité du conflit en Géorgie incombe entièrement à la Russie ». Enfin, chaque nouveau Traité imbrique plus étroitement l'Union Européenne dans l'Otan, qui a déclaré que « la Russie avait violé l'intégrité territoriale de la Géorgie ». Une Europe dont plusieurs membres sont aussi ouvertement partisans de l'agresseur ne peut pas être une force d'interposition "neutre" plus crédible que les Etats-Unis, ou l'Otan.
Par ailleurs, les dirigeants de l'Otan font preuve d'une incohérence qui s'apparente à du cynisme : ils défendaient avec autant d'acharnement et de violence la destruction de la Yougoslavie et l'autodétermination du Kosovo qu'ils défendent aujourd'hui l'intégrité territoriale de la Géorgie ! En Belgique, notre ministre De Gucht est plus prudent : il critique la maladresse de la provocation géorgienne, mais il donne raison au gouvernement de Saakachvili sur le fond. L'engrenage dans la guerre en Afghanistan ne s'est pas mis en marche autrement : il fallait aider à la reconstruction de ce pays, d'abord on y était pour 6 mois... et 7 ans plus tard la Belgique s'y enfonce de plus en plus avec l'Otan.
Nous devons exiger du gouvernement belge de refuser un soutien de l'Otan à la Géorgie, sous quelque forme que ce soit, car cela aurait des conséquences extrêmement graves pour la paix mondiale.
Le 14 août 2008
Comité Surveillance Otan
Lorsque l'Otan refusait d'arrêter la folle course aux armes nucléaire
50e anniversaire du mémorandum du gouvernement polonais sur le "plan Rapacki"
Ce mémorandum est le résultat de plusieurs initiatives de la diplomatie polonaise. Le 2 octobre 1957, le ministre des Affaires étrangères de la République Populaire de Pologne, Adam Rapacki, a présenté à la 12ème session de l'Assemblée Générale des Nations Unies, une proposition concernant la création d'une zone dénucléarisée en Europe Centrale. Cette dernière concernait la Pologne, la Tchécoslovaquie, la République Démocratique Allemande (RDA) et la République Fédérale Allemande (RFA).
Le plan Rapacki était une occasion unique pour les alliés de Bonn et de Washington de mettre un frein à l'incroyable folie qui s'était emparée de l'OTAN et, par la suite, du Pacte de Varsovie dans une course aux armements nucléaires dont l'issue ne pouvait être que catastrophique. Les obstacles au plan Rapacki furent nombreux particulièrement en ce qui concerne la RFA. La désatomisation de ces pays était le cauchemar des Occidentaux. On reprochait notamment au plan Rapacki de ne pas prendre en compte les armements conventionnels. En effet, le plus grand nombre des forces conventionnelles soviétiques constituait une parade aux armées occidentales nucléarisées, présentes sur le sol de la RFA. De plus, le chancelier Adenauer et son ministre Strauss essayaient par tous les moyens de posséder l'arme atomique ou, du moins, de la partager avec les Américains. Le gouvernement de Bonn craignait par-dessus tout de voir les Etats-Unis se retirer de son territoire s'ils étaient obligés de renoncer à leur armement nucléaire.
Suite à l'absence de réponse positive à ce projet, le gouvernement polonais a cru utile de publier un mémorandum le 14 février 1958, reprenant les propositions et en les complétant d'une série de recommandations. Ce mémorandum a été également présenté à l'Assemblée Générale des Nations Unies. Il comprenait 4 points : le 1er définit les zones dénucléarisées de l'Europe centrale, à savoir, les deux Allemagnes, la Pologne et la Tchécoslovaquie. Le 2ème demande que les quatre puissances nucléaires de l'époque s'engagent à les respecter. Le 3ème stipule que les puissances nucléaires n'utiliseront pas les armes nucléaires sur le territoire de la zone. Le 4ème demande que les forces armées des Etats stationnés dans la zone s'engagent à ne pas maintenir des armes nucléaires sur ce territoire. Ce mémorandum a constitué un excellent document pour la création de zones dénucléarisées dans le monde, comme celles concernant l'Amérique du Sud, le Pacifique, l'Afrique et bien d'autres.
Il est intéressant de noter qu'un dialogue entre la Belgique et la Pologne fut initié en 1963 avec l'arrivée aux Affaires étrangères de Pierre Harmel. En 1966 des contacts entre Pierre Harmel et Adam Rapacki furent plus encourageants que ceux qui avaient eu lieu avec l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Paul-Henri Spaak. Certains diplomates polonais estimaient, néanmoins, que le projet Harmel constituait une compensation à l'acceptation, par la Belgique, du SHAPE sur son territoire.
En novembre 1967 Rapacki rencontra Harmel à Bruxelles et la presse polonaise reconnut que des progrès avaient été réalisés pour trouver une solution à la détente entre les deux blocs, américain et soviétique. On peut conclure que la guerre froide déclenchée par le discours de Churchill, le 5 mars 1946 à Fulton et poursuivi par Truman le 12 mars devant le Congrès ainsi que par Spaak, lors de son fameux discours aux Nations Unies, « NOUS AVONS PEUR » connut une légère accalmie grâce à la diplomatie de Rapacki et Harmel.
Il est consternant de constater que la politique étrangère de la Pologne d'aujourd'hui, de plus en plus crispée vis-à-vis de la Russie, a bien changé depuis le mémorandum concernant le plan Rapacki, en 1958.
Pierre Piérart
Retrait des troupes belges d'Afghanistan !
L'occupation de l'Afghanistan par l'OTAN, les alliés (ISAF) et Enduring Freedom se transforme en bourbier. Précédemment, la résistance se manifestait par des attentats, par des escarmouches, aujourd'hui des compagnies de 100 à 200 résistants assaillent des convois militaires, des postes avancés.
Le 19 août, la France est choquée par la mort de 10 soldats et par l'annonce de 23 blessés dans une embuscade de la résistance à Saroubi, éloignée de 50 km de Kaboul. La bataille aura duré près de 24h. Les soldats afghans fuient le combat laissant seuls les français. La réalité de la guerre apparaît aux yeux des Français et déclenche une réaction populaire pour le retrait inconditionnel de la force militaire d'Afghanistan.
Mais déjà le 14 juillet, un poste avancé de l'OTAN au village de Want en province de Kunar, tenu par une compagnie américaine et par des supplétifs afghans est encerclé et attaqué par une compagnie de résistants, le combat dure une journée, 9 Gi sont morts et 43 sont blessés. Trois jours plus tard le poste, est abandonné. Plus de la moitié de l'Afghanistan n'est plus sous le contrôle de l'OTAN.
Il y a d'autres faits de guerre de cette importance, tels que les attaques contre les voies de ravitaillement des forces d'occupation. Cette guerre est devenue conventionnelle. Les états-majors sont incapables d'appliquer la théorie qui leur a été enseignée. L'état-Major de l'Otan et celui des États-Unis réclament toujours plus de soldats. Actuellement il y en a déjà plus de 70.000. Au Vietnam, il y a eu jusqu'à 500.000 Gi et les USA ont perdu la guerre. Cela annonce des lendemains lamentables pour l'OTAN, les alliés (ISAF) et Enduring Freedom.
Le gouvernement belge doit être fier d'avoir déjà deux soldats blessés à Kandahar, deux membres d'une compagnie de renfort toute fraîche ! Le ministre De Crem est allé en personne les recevoir à leur retour en Belgique et a déclaré que tout allait bien. Les militaires blessés n'ont pas été autorisés à parler aux médais. On imagine qu'ils ne devaient pas être du même avis. Ils venaient d'être attaqués au mortier sur la base militaire de Kandahar, la plus protégée et la plus sûre qui soit...
Pendant la guerre du Rwanda, 10 soldats belges sont morts. Suite à la réaction de la population, le gouvernement déclarait ne plus vouloir envoyer de soldats dans les zones de combat. Et pourtant le gouvernement a continué à suivre les ordres de l'Otan de bombarder la Yougoslavie, et occuper le Kosovo, il envoie des militaires belges en Somalie, au Congo, il participe à l'occupation de l'Afghanistan, il envoie aussi une troupe au Liban dans le cadre de l'ONU, des instructeurs militaires en Irak, un détachement militaire au Tchad. Quelle est l'image de la Belgique dans le monde hors OTAN ?
Les manifestations contre la guerre en Afghanistan se multiplient en Allemagne, en Grande-Bretagne, en France, en Italie, en Belgique. Nous devons continuer cette mobilisation, jusqu'au retrait de l'armée belge d'Afghanistan.
Marcel Poznanski
L'Amérique Latine et l'Otan
Depuis que la Belgique, via l'Otan, a participé à des manuvres militaires dans les Caraïbes aux côtés des Etats-Unis, il convient de rester attentifs à toutes les opérations US tant le long des côtés des Caraïbes que le long de l'Atlantique du Sud. Le redéploiement de la IVe Flotte américaine dans l'océan Atlantique doit nous inquiéter dans la mesure où de nouveaux appels à contribution de l'Otan sont possibles dans un proche avenir.
Et quand Le Soir titre un article récent sur les accords militaires entre le Venezuela et la Russie « le temps des provocations », on pourrait croire que le journaliste parle des « provocations » de la flotte américaine... mais non, il qualifie de provocations la signature de l'accord par la Russie qui oserait narguer les États-Unis dans leur zone d'influence !
Rappelons ce que faisait la Belgique dans les Caraïbes en avril 2006 : (Alerte Otan n°26) : la flotte militaire belge est intégrée à celle des Pays-Bas qui elle-même est une composante importante des forces de l'Otan. L'Otan est appelée à la rescousse de la flotte US pour participer à une manuvre dite « Confraternité avec les Amériques », destinée à « resserrer les relations militaires et affiner les efforts de lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme ».
En même temps, le gouvernement néerlandais accusait le Venezuela de vouloir annexer une des îles proches de ses côtes, et considérée comme territoire « national » par les Pays-Bas.
Les « terroristes » sont donc tout désignés : le Venezuela et Cuba. Mais depuis lors, s'ajoutent à la liste des pays dits menaçants comme la Bolivie, l'Equateur, le Nicaragua, le Paraguay, l'Argentine.. et jusqu'au Brésil, qui défend sa souveraineté nationale et ses ressources énergétiques. Les différents pays latino-américains cherchent aussi à unir leurs forces militaires avec la récente constitution de l'Union des Nations sud-américaines. Non seulement le Venezuela, mais également le Brésil, développent des accords militaires avec la Russie, concernant l'achat d'armes et l'accès à leurs territoires.
Selon Prensa Latina, « les avions stratégiques arriveront au Venezuela le 10 septembre, pour réaliser des vols d'entrainement à l'invitation du président Hugo Chavez. En réponse à l'expansion de l'Otan vers les frontières russes, Vladimir Poutine, alors chef du Kremlin, ordonna le 17 août 2007, à l'aviation stratégique de reprendre les patrouilles sur des zones éloignées, suspendues depuis 1992. Poutine confirma que ces missions stratégiques se réaliseraient dans des zones de navigation intense des océans Pacifique, Atlantique, Glacial Arctique et dans la Mer Norie et la Méditerranée, en défense des intérêts économiques de la Fédération. »
La Agencia Bolivariana de Noticias informe d'autre part que « plusieurs navires de guerre russes naviguent vers le Venezuela ce lundi (22 septembre 2008) pour participer à des manuvres conjointes avec la marine vénézuélienne.. La flotte accomplira des missions, conformément aux règles de l'utilisation de la Marine de Guerre en temps de Paix. .. Ces manuvres, inédites dans les Caraïbes, se réaliseront dans une région que les Etats-Unis considèrent depuis plus d'un siècle comme leur zone d'influence et à un moment où les relations russo-américaines se sont clairement refroidies depuis l'intervention russe en Géorgie en août 2008 ».
Le Brésil se prépare également. Le New York Times du 23 septembre informe « L'Opération Atlantique simule des actions de défense du Port de Sao Sebastiao (Près de Sao Paulo), avec des missiles russes... Cette région est choisie car elle est considérée comme d'une extrême importance économique pour le Brésil. Une partie importante des infrastructures portuaires est consacrée à l'Industrie navale et à la Marine marchande brésilienne. Ce port est donc un point sensible face à une menace étrangère.
L'Opération Atlantique est aussi un exercice de guerre en défense des bases pétrolifères, ainsi qu'en défense des raffineries, ports, gazoducs, oléoducs ».
Claudine Pôlet
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