La Presse capitaliste est "libre". Vous y croyez ?

La grande presse capitaliste serait "libre", "neutre" "démocratique" et "indépendante". Elle n' est pas censurée, nous dit-on... En réalité, nous payons pour obtenir des scoops, des informations manipulées, destinés à fabriquer notre opinion. Elle vit principalement de la publicité reçue des grosses sociétés multinationales.

mercredi, juin 18, 2008

une traduction de Jean-Marie Flémal avec tous mes remerciements ...

-------- Message original --------
Sujet: Dégâts collatéraux
Date: Wed, 18 Jun 2008 14:01:00 +0200
De: Jean-Marie Flémal mailto:jm.flemal@brutele.be
Pour :: mailto:roger.romain@skynet.be

OOOOO

La guerre en Irak ? Une succession de meurtres, ni plus ni moins


par Chris Hedges, Tomdispatch.com

Posté le 6 juin 2008, publié le 11 juin 2008 sur :

http://www.alternet.org/story/87235/

Cet article a été adapté de l’introduction d’un ouvrage publié tout récemment, Collateral Damage: America's War Against Iraqi Civilians (Dégâts collatéraux : la guerre des États-Unis contre les civils irakiens) <http://www.powells.com/biblio/18-9781568583730-0> par Chris Hedges et Laïla al-Arian (Nation Books, 2008).

Quand une armée combat des forces d’insurrection, comme c’est le cas en Irak, à Gaza ou au Vietnam, elle est confrontée à des « situations propices à commettre des atrocités ». Le fait d’être entouré d’une population hostile transforme des actes simples – par exemple, se rendre dans un magasin pour y acheter une canette de Coke – en actes dangereux. La crainte et le stress poussent les militaires à voir des ennemis dans toutes les personnes qui évoluent autour d’eux. L’hostilité pèse encore plus lorsque cet ennemi, comme en Irak, est indécelable, furtif et pratiquement insaisissable. La rage impuissante éprouvée par les soldats après l’explosion d’une bombe au bord d’une route et la mort ou la mutilation de certains de leurs camarades, est du genre à se tourner aisément et très vite contre les civils innocents dont on suppose qu’ils aident et soutiennent les rebelles.

Aux yeux des troupes assaillies de toutes parts, civils et combattants ne sont qu’une seule et même entité. Ces civils, qui ont rarement des échanges avec les soldats ou les marines, n’ont souvent pas de nom ni de visage, mais se muent aisément en abstractions de haine, aux yeux de la plupart des militaires des troupes d’occupation. Ils sont méprisés comme des êtres moins qu’humains. Il s’agit d’un pas psychologique bref. Mais, moralement, il s’agit d’un bond massif. C’est la distance entre le fait de tuer, de détruire quelqu’un qui a la capacité de vous faire du mal – et celui de commettre un meurtre – s’en prendre à quelqu’un qui ne peut vous faire du mal, avec l’intention de le tuer.

La guerre en Irak est devenue avant tout une affaire de meurtre. Il y a peu de destructions d’individus. La sauvagerie et la brutalité de l’occupation déchirent les militaires qui ont été déployés en Irak. Comme les informations viennent de nous l’apprendre, 115 soldats américains se sont suicidés, en 2007. Soit une augmentation de 13 % par rapport à 2006. Et les suicides, comme ce fut le cas dans les années de guerre au Vietnam, ne feront qu’augmenter lorsque les vétérans, rongés par les angoisses, rentreront dans leurs foyers, se débarrasseront des couches d’ouate auto-protectrice qui les empêchaient de ressentir quoi que ce fût et affronteront l’horrible réalité de ce qu’en Irak, ils ont fait à des innocents.

Les marines et les soldats américains se sont socialisés, à l’égard des atrocités. Ce n’est pas en ces termes que le projet de destruction est décrit à un public lointain. Les hommes politiques parlent toujours en termes abstraits de gloire, d’honneur, d’héroïsme, de nécessité d’un monde meilleur ; et, dans un style plus relevé, de renouveau politique et spirituel. Ceux qui tuent des nombres importants de personnes prétendent toujours qu’il s’agit d’une vertu. La campagne visant à débarrasser le monde du terrorisme a été articulée dans les confins de cette rhétorique comme si, une fois tous les terroristes anéantis, le mal lui-même allait disparaître.

La réalité derrière le mythe, toutefois, est très différente. La réalité et l’idéal se télescopent de façon tragique lorsque les soldats et les marines réintègrent leurs foyers. Ces vétérans des combats sont souvent aliénés vis-à-vis du monde qui les entoure, d’un monde qui croit toujours au mythe de la guerre et des vertus de la nation. Ils sont confrontés à la grave crise existentielle de tous ceux qui passent par les combats et comprennent que nous ne détenons pas le monopole de la vertu, qu’en guerre, nous devenons aussi barbares et sauvages que les ennemis qui nous font face.

La foi subit ici une crise profonde qui fracasse les mythes, tant nationaux que religieux, dont avaient été nourris ces jeunes hommes et ces jeunes femmes avant de s’en aller pour l’Irak. Bref, ils découvrent le mensonge qu’on leur a raconté. Leur relation avec la nation ne sera plus jamais pareille. Ces vétérans nous donnent une narration véridique de la guerre, une narration qui dénonce la vaste entreprise de boucherie industrielle qui s’est déchaînée en Irak. Ils dénoncent un mensonge.


La guerre en tant que trahison

« Cette unité est affectée au point de contrôle de la circulation, ici, et le gamin de 18 ans que voici est juché au sommet d’un Humvee blindé, avec une mitrailleuse .50 », rappelait le sergent Geoffrey Millard, qui a servi à Tikrit avec la 42e Division d’Infanterie. « Quand cette voiture fonce sur lui à bonne allure, le gamin décide en une fraction de seconde qu’il s’agit d’un porteur de bombe suicide, il appuie sur la détente papillon et envoie 200 projectiles dans la voiture en moins d’une seconde. Cela a tué une mère, un père et deux enfants : un garçonnet de quatre ans et une fillette de trois. »

« Et ils l’ont rapporté au général », ajouta Millard, « et avec des détails atroces. Ils avaient des photos, je veux dire. Ils lui ont envoyé le tout. Et voilà ce colonel qui se retourne sur tout l’état-major de la division et qui dit : ‘Si ces enfoirés d’hadjis apprenaient à conduire, de telles merdes ne se produiraient pas.’ »

Millard et des dizaines de milliers d’autres vétérans souffrent non seulement de réactions retardées au stress mais également de cette même crise de la foi. Le Dieu qu’ils ont connu ou pensé connaître leur a fait faux bond. L’église ou la synagogue ou la mosquée, qui promettaient la rédemption si on servait Dieu et son pays, ne les ont pas préparés à l’horrible trahison de cette religion civique, à cette capacité que nous avons tous pour les atrocités humaines, aux histoires d’héroïsme destinées à masquer la réalité de la guerre.

La guerre est toujours une affaire de trahison : trahison des jeunes par les anciens, des idéalistes par les cyniques et des militaires par les hommes politiques. Cette amère connaissance de la trahison s’est infiltrée dans les rangs des vétérans américains de la guerre en Irak. Elle a lâché un nouveau déferlement de vétérans désillusionnés tel qu’on n’en avait plus vu depuis la guerre du Vietnam. Elle nous a donné une nouvelle fois la possibilité de découvrir progressivement le masque mortuaire de la guerre et de comprendre notre complicité dans le mal.

« Puis, vous savez, cette sorte de sentiment que j’ai, ce ‘qu’est-ce que nous foutons ici, bordel ?’, que j’ai ressenti de cette façon en Irak », lâcha le sergent Ben Flanders, en calculant qu’il avait dirigé des centaines de convois militaires en Irak. « C’est le genre d’insanité de la chose et le fait qu’elle la réduit. Hé bien, je crois que c’est ce que la guerre fait, de toute façon, mais j’ai ressenti qu’il y avait cette énorme diminution de ma compassion à l’égard des gens. La seule chose qui comptait encore, en fin de compte, c’était moi-même et les gars avec qui j’étais. Et que n’importe qui d’autre aille au diable, que vous soyez irakien… Je suis navré, je suis navré que vous viviez ici, je suis navré que ce soit une situation terrible et je suis navré que vous ayez affaire avec, vous savez, tous ces véhicules militaires qui sillonnent les environs, et qui tirent, et ces rebelles et tout ce bazar… »

Cet univers irakien à la Hobbes, tel que Flanders le décrit, est un monde où l’éthique se résume à tuer ou être tué. Toute nuance et distinction avait disparu, pour lui. Il avait l’impression, à l’instar de la plupart de ses compagnons, d’être dans un monde binaire : eux et nous, les bons et les mauvais, ceux qui sont dignes de vivre et ceux qui ne le sont pas. L’immense majorité des civils irakiens, pris au milieu du fracas déclenché entre les milices, les escadrons de la mort, les gangs criminels, les combattants étrangers, les bandes de kidnappeurs, les terroristes et les troupes d’occupation lourdement armées, n’étaient juste qu’un obstacle de plus qui, s’il encombrait d’aventure la voie, devait être éradiqué. Ces Irakiens n’étaient plus humains. Ils n’étaient plus que des abstractions à forme humaine.

« Le premier briefing, vous le recevez en descendant de l’avion, au Koweït, et quand vous quittez l’avion, c’est en tenant un sac de marin à chaque main », rappelait Millard, « vous avez votre flingue en bandoulière et un autre sac sanglé sur le dos. Vous étouffez de chaleur. Vous êtes crevé. Vous avez en plus le décalage horaire dans les pattes. Votre esprit est bêtement envahi de sentiments à la con. Et, par-dessus le marché, vous avez la trouille, parce que, vous savez, vous êtes au Koweït, vous n’êtes plus aux États-Unis… Et ainsi, la crainte s’installe. Après ça, ils vous font asseoir dans cette petite salle de briefing et vous subissez ce briefing sur la façon dont, sachez-le bien, vous ne pouvez faire confiance à aucun de ces hadjis de merde, parce que tous ces hadjis de merde vont vous tuer. Et le mot ‘hadji’ est toujours utilisé comme un terme de mépris et, généralement, suivi des mots ‘de merde’. »

La façon dont la presse couvre la guerre en Irak montre rarement la pathologie tordue de cette guerre. Nous voyons la guerre selon la perspective des militaires ou selon celle, tout aussi déformée, des journalistes étrangers, calfeutrés dans les hôtels, entourés de chauffeurs, d’interprètes et d’escortes sécuritaires ou militaires officielles. Il y a des moments où le visage de la guerre peut éventuellement se montrer à ces voyeurs et à ces tueurs professionnels depuis le siège arrière d’une voiture, par exemple, où une fillette est en train de mourir, avec le cerveau qui lui dégouline de la tête. Mais, la plupart du temps, ce véritable visage demeure caché. Et il faut bien dire que tout ce que nous savons de la guerre en Irak manque de la portée et de la profondeur qui surgiront bien un jour, mais peut-être pas avant des années, lorsqu’un garçonnet irakien atteindra l’âge adulte et nous déballera la triste et tragique histoire de l’invasion et de l’occupation sanglante de son pays.

À mesure que la guerre se mue en déception – puisqu’elle ne correspond plus en rien au récit mythique qui fait de nous des libérateurs et des vainqueurs –, elle disparaît progressivement de notre vue. Les shows des informations par câble qui ont emballé la guerre pour mieux nous la vendre, ont cessé de la couvrir, de faire commerce de l’horrible carnage des explosions de bombes à Bagdad au profit des sagas des feuilletons à la guimauve de Roger Clemens, Miley Cyrus ou à la Britney Spears et son éternelle fusion. La couverture mensuelle moyenne de la guerre en Irak dans les infos d’ABC, de NBC et de CBS mises ensemble a été réduite de moitié, passant de 388 minutes en 2003 à 274 en 2004 et à 166 en 2005. Et les journaux, y compris ceux comme le Boston Globe, ont fermé leurs bureaux à Bagdad. Privés d’une narration claire et épique, contrôlés et contingentés par les préoccupations sécuritaires, ils ont fini par s’en aller.

La plupart des journalistes savent…


… que l’invasion et l’occupation ont été une catastrophe. Ils savent que les Irakiens ne veulent pas de nous. Ils savent, à propos des renseignements truqués, administrés à la grosse louche à une presse servile par le Bureau des plans spécieux et par le Groupe de la Maison-Blanche concernant l’Irak, dirigé par Lewis Libby. Ils savent, à propos de Curveball (1), des documents falsifiés en provenance du Niger, des gens de la CIA mis hors circuit et des dossiers bidon des renseignements britanniques, tirés en fait d’anciens articles de magazines. Ils savent que les armes de destruction massive avaient été détruites bien avant que nous ne fussions sur place. Ils savent que nos militaires, de même que notre Garde nationale et nos unités de réserve, se couvrent de honte et se font décimer. Ils savent que cette guerre n’a rien à voir avec le don de la démocratie à l’Irak, que tous les clichés concernant la volonté de rester dans la course et de parachever la mission sont utilisés pour assurer au président et à ses alliés que, tant qu’ils seront au pouvoir, ils n’auront pas à payer un tribut politique pour leurs gaffes et leur démence.

La presse sait tout cela et, si les journalistes avaient pris la peine de regarder, ils auraient pu le savoir depuis belle lurette. Mais la presse ou, du moins, la plupart des gens de la presse, a perdu la passion, le sens de l’offuscation et celui de sa mission, lesquels, jadis, poussaient les journalistes à défier le pouvoir et à dire la vérité.

Les légions des hommes perdus et des damnés

La guerre, c’est la pornographie de la violence. Elle a une beauté sombre, tout imprégnée de monstruosité et de grotesque. La Bible dit d’elle qu’elle est « le plaisir de l’œil » et elle met les croyants en garde contre elle. La guerre nous permet de nous engager dans des désirs et des passions que nous gardons tapis au plus profond de nous-mêmes et de nos vies imaginaires. Elle nous permet de détruire non seulement des choses et des idées, mais également des êtres humains.

En ce moment de destruction tous azimuts, nous brandissons le pouvoir du divin, le pouvoir de révoquer le droit d’autrui à la vie sur cette terre. La frénésie de cette destruction – et quand la discipline unitaire est rompue, ou quand il n’y a plus de discipline unitaire comme point de départ, « frénésie » est le mot qui convient – voit des bandes armées rendues démentes par l’élixir vénéneux que fournit notre pouvoir de provoquer l’anéantissement d’autrui. Toutes choses, y compris les êtres humains, deviennent des objets – des objets qu’il convient soit de gratifier, soit de détruire, voire les deux. Personne, pour ainsi dire, n’est à l’abri. La contagion de la foule veille à ce qu’il en soit ainsi.

Des êtres humains se font mitrailler et bombarder depuis le ciel, les lance-grenades automatiques truffent les masures et les quartiers populaires d’engins explosifs à haute puissance et les convois se font la course à travers l’Irak tels les trains de marchandises de la mort. Ces militaires et ces marines ont au bout de leurs doigts la capacité troublante de commander des frappes aériennes et une puissance de feu à même d’anéantir des paysages et des villages entiers en les transformant en enfers dantesques. Ils peuvent en un instant accorder ou reprendre la vie humaine et c’est un pouvoir qui finit par les rendre malades et déments. L’univers moral est mis sens dessus dessous. Tous les êtres humains sont utilisés comme des objets. Et personne ne quitte les lieux sans avoir été contaminé.

La guerre nous plonge dans un tourbillon de douleur et d’extase flottante. Elle nous plonge dans un monde où la légalité n’a que peu d’importance, où la vie humaine est bon marché et où la satisfaction de l’instant présent se mue en désir primordial qu’il fait assouvir avant tout, même au détriment de la dignité de la vie d’autrui.

« Un tas de types ont réellement soutenu à fond ce concept, vous savez, qui dit que s’ils ne parlent pas l’anglais et qu’ils ont une peau plus sombre, ils ne sont pas aussi humains que nous, de sorte que nous pouvons faire ce que nous voulons », disait le soldat spécialiste Josh Middleton, qui servait dans la 82e Aéroportée en Irak. « Et, vous savez, des gosses de vingt ans se font gueuler dessus par derrière et par devant à Fort Bragg, et nous devons ramasser des mégots de cigarettes et nous faire engueuler tous les jours parce que notre arme n’est pas nickel. Mais, là-bas, c’est comme la vie et la mort. Et des Irakiens de quarante ans nous regardent avec crainte et nous pouvons – vous voyez ce que je veux dire ? –, nous avons ce pouvoir que vous ne pouvez avoir vous-même. C’est vraiment libérateur. La vie est juste rabaissée à son niveau primaire, vous savez, celui où vous vous inquiétez de l’endroit d’où va s’amener la prochaine bouffe, le prochain endroit où vous allez pieuter ou la prochaine patrouille et, surtout, où vous vous inquiétez de rester en vie.

« C’est comme, enfin, vous avez l’impression, je ne sais pas, c’est comme si vous étiez un homme des cavernes », ajouta-t-il. « Vous voyez ce que je veux dire ? C’est juste comme, vous savez, je veux dire, c’est comme ça que la vie est censée être. La vie et la mort, essentiellement. Pas de TV. Rien de toute cette merde. »

Il faut peu de chose, en tant de guerre, pour transformer des hommes ordinaires en tueurs. La plupart s’abandonnent volontiers à la séduction du pouvoir illimité de destruction. Tout sentent la pression de leurs pairs qui les incite à agir selon la conformité. Peu, une fois au combat, trouvent la force de résister. Le courage physique est commun, sur un champ de bataille. Le courage moral, dont les vétérans ont fait preuve en nous disant la vérité sur cette guerre, ne l’est pas.

Les machines militaires et les bureaucraties d’État, qui cherchent à nous faire obéir, cherchent aussi à imposer le silence à ceux qui s’en reviennent de la guerre et qui s’en prennent verbalement à sa réalité. Elles poussent de côté ces témoins pour les soustraire à un public avide d’histoires de guerre faisant coïncider le récit narratif de gloire et d’héroïsme et l’essence de la guerre, c’est-à-dire la mort. La guerre, nous expliquent ces vétérans, révèle la capacité au mal qui se tient juste sous la surface, à l’intérieur de chacun d’entre nous. Telle est la vérité à laquelle ces vétérans ont dû être confrontés et, souvent, avec une grande douleur.

L’historien Christopher Browning a fait la chronique de la facilité avec laquelle on peut tuer dans Ordinary Men (De simples hommes), une étude qu’il a rédigée sur le 101e Bataillon des réservistes de la police, en Pologne, durant la Seconde Guerre mondiale. Le matin du 12 juillet 1942, la bataillon, constitué de recrues d’âge moyen, fut obligé d’exécuter mille huit cents Juifs dans le village de Jzefw, au cours d’une action qui devait durer toute une journée. Les hommes de l’unité durent rassembler les Juifs, les faire marcher en direction de la forêt et leur ordonner de se coucher l’un après l’autre en ligne. Les victimes, parmi lesquelles des femmes, des bébés, de enfants et des personnes âgées, furent abattues à bout portant.

Les membres du bataillon se virent proposer le choix de refuser, choix que firent une douzaine d’hommes à peine, bien que quelques autres eussent demandé à être relevés, une fois que la fusillade eut commencé. Ceux qui ne voulurent pas continuer, dit Browning, furent dégoûtés plutôt que torturés par leur conscience. Quand les hommes retournèrent à leurs cantonnements, ils étaient « déprimés, en colère, aigris et choqués ». Ils burent beaucoup. On leur dit de ne pas parler de l’événement « mais il ne fut nullement nécessaire de les encourager en ce sens ».

Chaque génération répond à la guerre en se targuant de son innocence. Chaque génération découvre ses propres désillusions, souvent moyennant un prix individuel terrible. Et la guerre en Irak a commencé à produire des légions d’hommes perdus et de damnés, dont un grand nombre combattent le traumatisme émotionnel et physique issu du fait de tuer et d’être exposé soi-même à la violence.

Punir la population locale


Le sergent Camilo Meja qui, finalement, demanda à devenir objecteur de conscience alors qu’il était toujours en service actif, dit que la facette hideuse du racisme et du chauvinisme américains apparut dès l’instant où son unité arriva au Moyen-Orient. Ses collègues soldats ridiculisèrent automatiquement les toilettes à la turque parce qu’ils allaient devoir « chier comme les chiens ». Les soldats qui l’accompagnaient traitaient les Iraquiens, dont ils ne parlaient pas la langue et dont la culture leur était étrangère, à peine mieux que des animaux.

Le mot « hadji » devint bien vite une insulte pour désigner les Irakiens, de la même manière que « chinetoques » était utilisé pour rabaisser les Vietnamiens et « raghead » (litt. « tête à chiffon », « enturbanné ») pour faire de même avec les Afghans. Bientôt, les compagnons de Meja se mirent à se moquer de la « bouffe hadji », des « bicoques hadji » et de la « musique hadji ». Des prisonniers désorientés, qu’on avait rassemblés au cours de razzias inutiles et sans discrimination, étaient dévêtus et laissés debout, terrifiés, des heures durant, sous un soleil torride. Ils étaient soumis à un flot permanent de brimades verbales et physiques. « J’ai vécu une confusion horrible », se souvient Meja, « je ne sais plus si j’étais davantage effrayé par les détenus ou par ce qui allait se produire si je faisais quoi que ce fût pour leur venir en aide. »

Ces scènes de mauvais traitements, qui débutèrent immédiatement après l’invasion américaine, n’étaient guère plus que des actes collectifs de sadisme. Meja assista, sans oser intervenir mais en étant de plus en plus écoeuré, aux traitements infligés aux civils irakiens. Il vit comment l’abus de pouvoir brutal et incontrôlé déboucha d’abord sur l’aliénation parmi les Irakiens et donna ensuite naissance à une haine primaire à l’égard des forces d’occupation. Quand des unités de l’armée faisaient des razzias dans des maisons, les soldats faisaient irruption au beau milieu des familles effrayées, les forçaient à la pointe du fusil de se tapir dans les coins et faisaient eux-mêmes main basse sur la nourriture et divers objets qu’ils trouvaient à l’intérieur.

« Après avoir arrêté des conducteurs », rappelait-il, « nous choisissions les véhicules qui nous plaisaient, nous refaisions le plein à l’aide de jerrycans confisqués et nous menions des patrouilles incognito à bord des voitures que nous avions rackettées.

« Mais, à ce jour, je ne puis trouver une seule réponse satisfaisante au fait que je restais sans rien faire durant les mauvais traitements infligés à ces prisonniers, en dehors, évidemment, de ma propre lâcheté », fit-il également remarquer.

Les familles irakiennes se faisaient très régulièrement tirer dessus parce qu’elles s’approchaient de trop près des postes de contrôle. Il y eut un incident au cours duquel un père sans armes et conduisant une voiture fut décapité à côté de son petit garçon par une mitrailleuse .50. Les soldats tiraient pour trouer les jerrycans d’essence en vente le long de la route, puis balançaient des grenades incendiaires dans les mares pour y mettre le feu. « C’est marrant de foutre tout cette merde en l’air », déclara un soldat. Quelqu’un ouvrit le feu sur des petits gosses qui lançaient des cailloux. Et quand des EEI (engins explosifs improvisés) sautaient, les troupes y allaient de fusillades sauvages dans les quartiers très peuplés, laissant derrière elles d’innocentes victimes que le langage brutal de la guerre muait en « dégâts collatéraux ».

« Nous roulions du mauvais côté de la route afin de réduire le risque d’être frappé par un EEI », racontait Meja à propos des bombes routières mortelles. « Cela obligeait les véhicules venant d’en face à se déplacer de l’autre côté de la route et cela ralentissait considérablement l’écoulement du trafic. Afin d’éviter de rester coincé au milieu des embouteillages, où quelqu’un aurait pu faire rouler une grande sous nos camions, nous roulions tout simplement sur les trottoirs, renversant les poubelles et tamponnant même des véhicules civils afin de les écarter de notre chemin. Ces tactiques faisaient hurler de rire des tas de soldats. »

À un certain endroit, l’unité avait été entourée par une foule en colère qui protestait contre l’occupation. Meja et son escouade ouvrirent le feu sur un Irakien qui tenait une grenade, criblant le corps de l’homme de balles. Meja vérifia son chargeur par la suite et découvrit qu’il avait tiré onze balles sur le jeune homme. Les unités, dit-il, ouvraient le feu comme si de rien n’était dans les quartiers peuplés, avec de lourdes mitrailleuses M-240 Bravo, ou des lanceurs AT-4, ou encore des mitrailleuses Mark 19s, qui tiraient des chapelets de grenades.

« La frustration résultant de notre incapacité à riposter contre ceux qui nous attaquaient », ajouta Meja, « débouchait sur des tactiques qui semblaient destinées tout simplement à punir la population locale qui les soutenaient. »

L’algèbre de l’occupation

C’est l’anonymat de l’ennemi qui alimente l’escalade de la fureur. Des camarades sont mutilés ou tués et il n’y a personne contre qui riposter, hormis les infortunés civils qui vivent dans le voisinage de l’endroit où l’explosion ou l’embuscade a eu lieu. Soldats et marines peuvent effectuer deux ou trois périples en Irak et, en fait, ne jamais voir l’ennemi, bien que leurs unités soient la cible d’attaques et subissent de nombreuses pertes. Ces troupes, qui sont entrées à Bagdad en triomphe au moment de l’occupation de l’Irak, n’ont pas tardé à voir leur victoire décisive sur l’armée de Saddam Hussein se muer en une guerre d’usure confuse.

La puissance de feu supérieure et la victoire éclatante ont été annulées par ce que Thomas E. Lawrence appela jadis l’« algèbre de l’occupation ». Dans un texte traitant de l’occupation de l’Irak, après l’effondrement de l’Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale, et plus précisément des leçons que les vétérans devaient apprendre d’eux-mêmes, Lawrence, mettait en lumière ce qui a toujours perdu les puissances étrangères conventionnelles.

« La rébellion doit avoir une base imprenable : elle doit avoir un ennemi étranger sophistiqué, sous la forme d’une armée d’occupation disciplinée, trop peu nombreuse pour dominer efficacement le territoire tout entier à partir de postes fortifiés », écrivait Lawrence. « Elle doit avoir une population amicale, pas amicale de façon active, mais animée de sympathie au point de ne pas trahir les mouvements rebelles au profit de l’ennemi. Les rébellions peuvent être constituées de 2 pour cent d’actifs dans leur force de frappe et de 98 pour cent de sympathie passive. Une mobilité garantie, des délais de sécurité et la victoire de la doctrine incomberont aux insurgés car, en fin de compte, les facteurs algébriques seront décisifs. »

L’échec en Irak est le même que celui qui a tourmenté les Français en Algérie, les États-Unis au Vietnam et les Britanniques qui, durant huit cents ans, ont molesté, emprisonné, déporté, abattu et pendu des centaines de milliers de patriotes irlandais. L’occupation, dans chaque cas, a transformé les occupants en véritables bêtes et a nourri l’insurrection. Elle a créé des schémas selon lesquels des innocents, comme en Irak, ont été terrorisés et tués. La campagne contre un ennemi généralement invisible, ont affirmé bien des vétérans, a donné naissance à une culture de la terreur et de la haine parmi les militaires américains au point qu’un grand nombre d’entre eux, en perdant du terrain, ont déclaré dans les faits la guerre à tous les Irakiens.

Meja a déclaré, à propos des Irakiens tués aux points de contrôle : « Ce genre de pertes parmi les civils a cessé depuis longtemps de susciter beaucoup d’intérêt, voire de commentaires. »

Meja vit également des soldats de son unité s’en prendre à des corps d’Irakiens tués. Il raconta comment, au cours d’un incident, des soldats se moquèrent d’un cadavre irakien tombé de l’arrière d’un camion. « Prends une photo avec moi et ce nique-sa-mère », dit en passant son bras autour du corps l’un des soldats qui avait fait partie de l’escouade de Meja dans le Troisième Peloton.

Le linceul tomba du corps, montrant un jeune homme qui ne portait que ses pantalons. Il avait un impact de balle dans la poitrine.

« Diable, ils t’ont vraiment baisé, non ? » rigola le soldat.

La scène, nota Meja, eut lieu en présence des frères et des cousins du mort.

Les officiers supérieurs, protégés par des enceintes lourdement fortifiées, ont rarement vécu des combats. Ils ont envoyé leurs troupes accomplir des missions futiles dans leur désir de se voir décerner des CIB (Combat Infantry Badges – insignes de l’infanterie au combat. Cette reconnaissance, nota Meja, « était essentielle pour la progression future de leur carrière d’officier ».

Cette façon de faire signifiait que « très peu d’officiers de haut rang, en réalité, sortaient pour participer à des actions » et que « les officiers subalternes étaient effrayés de les contredire quand ils étaient dans leur tort ». Quand les insignes – portant l’emblème d’un mousquet au chien relevé et reposant sur une couronne de feuilles de chêne – étaient finalement décernés, les commandants les apportaient chez des tailleurs irakiens afin de les faire coudre sur les poches de poitrine gauches de leurs uniformes de combat dans le désert.

« C’était une des rares occasions où nos officiers supérieurs marchaient devant depuis le front », note Meja avec amertume. « Ils étaient parmi les premiers à se précipiter chez les tailleurs afin de se faire coudre leurs petits bouts de gloire près du cœur. »

La guerre est fertile en actes de violence et d’atrocités gratuits, insensés et répétés. User de violence sur des personnes impuissantes et sans défense se mue en une sorte de perversion sportive, chez les militaires.

« Je veux dire que si quelqu’un possède un ventilateur, c’est qu’il s’agit d’une famille en cols blancs », déclara le soldat spécialiste Philip Chrystal, qui avait effectué des razzias dans des maisons irakiennes à Kirkuk. « Ainsi, nous avons commencé ce jour-là, précisément. Et ça commence par les véhicules ‘op-psy’ [utilisés dans les opérations psychologiques] que vous voyez là, vous savez, avec les haut-parleurs gueulant un message en arabe ou en farsi ou en kurde ou en n’importe quel langage et disant en gros, déposez vos armes, si vous en avez, près de la porte d’entrée de votre maison. S’il vous plaît, sortez, blablabla, blablabla. Et nous avions des Apache survolant l’endroit pour assurer la sécurité, s’il le fallait, et c’est également une bonne démonstration de force. Et nous courrions à gauche et à droite et, à ce moment, nous avions déjà fait quelques maisons, et j’étais avec mon chef de peloton et peut-être un ou deux autres gars, mais je ne m’en souviens pas vraiment.

« Et nous nous sommes approchés d’une maison de cette zone agricole ; elles sont construites comme ça, avec de petites cours intérieures », dit-il. « Ainsi, ils ont comme qui dirait la maison principale, l’aire commune. Ils ont comme une cuisine et ils ont comme une partie du genre remise pour leurs réserves. Et nous nous approchions et ils avaient un chien domestique. Et il aboyait férocement, parce qu’il faisait son boulot. Et mon chef d’escouade, sorti tout juste de nulle part, il tire comme ça sur le chien. Et il ne l’a pas – l’enculeur de sa mère –, enfin, il a tiré dessus, et la balle est entrée dans la mâchoire et elle est ressortie de l’autre côté.

« Et ainsi, je vois ce chien – et j’aime énormément les animaux. J’aime les animaux – et ce chien a de ces yeux ! Et il court dans tous les sens en répandant du sang partout. Et la famille est assise là, avec trois petits gosses et la mère et le père horrifiés. Et je ne sais pas quoi dire. Et ainsi, je lui crie dessus. Je suis comme… ‘Mais qu’est-ce que tu m’ fous, bordel ?’ Et le chien hurle de douleur. Il hurle et n’a plus de mâchoire. Et je regarde la famille, et ils sont tous effrayés. Et, ainsi, je leur dis, j’étais comme… ‘Bordel, achève-le !’… vous savez. ‘Au moins, tue-le, parce que ça ne peut pas se refaire. Il souffre.’ Et, en fait, j’attrape les larmes aux yeux, là, maintenant, juste au moment où je vous dis ça, mais – et j’avais des larmes à ce moment-là aussi – et je regarde les gosses et ils ont l’air d’être si effrayés. Et, ainsi, je ramène l’interprète avec moi et je sors mon portefeuille et je leur ai donné vingt dollars, parce que c’était tout ce que j’avais. Et, vous savez, je le leur ai fait dire que j’étais tellement désolé que ce trou du cul ait fait ça. Que c’était vraiment minable.

« A-t-on jamais rentré un rapport à ce propos ? » demanda-t-il. « A-t-on jamais fait quelque chose ?A-t-on sorti la moindre punition ? Non, absolument pas. »


Les saints de plâtre de la guerre


Les vaincus connaissent la guerre. Ils lisent au travers du chauvinisme creux de ceux qui recourent aux mots abstraits tels « gloire », « honneur » et « patriotisme » pour masquer les cris des blessés, les tueries brutales, les bas profits de la guerre et le chagrin qui pèse sur les poitrines. Ils connaissent les mensonges que les vainqueurs, bien souvent, ne veulent pas admettre, les mensonges que recouvrent les monuments de guerre érigés par l’État et les récits mythiques engendrés par la guerre, pleins d’histoires de courage et de camaraderie. Ils connaissent les mensonges qui suintent des épais mémoires d’hommes d’État enflés de leur propre importance et qui font les guerres sans savoir ce qu’elles sont ou représentent.

Les vaincus connaissent l’essence de la guerre : la mort. Ils saisissent très bien que la guerre est synonyme de nécrophilie. Ils comprennent que la guerre est un état de péché presque absolu, avec ses objectifs de haine et de destruction. Ils savent comment la guerre favorise l’aliénation, conduit inévitablement au nihilisme et à quel point elle constitue une façon de se détourner de la sainteté et de la préservation de la vie. Tout ce que l’on raconte d’autre sur la guerre devient trop facilement la proie de l’attrait et de la séduction de la violence et celle de l’attirance pour le pouvoir divin qui distribue des permis de tuer en toute impunité.

Mais les mots des vaincus viennent plus tard, parfois longtemps après la guerre, lorsque des hommes et des femmes adultes déballent les souffrances qu’ils ont endurées lorsqu’ils étaient enfants : ce que ce fut de voir leur mère ou leur père tué ou emmené, ou de perdre leur foyer, leur communauté, leur sécurité et d’être laissé de côté tel un déchet humain. Mais, à ce moment-là, très peu les écoutent. La vérité à propos de la guerre ressort toujours mais, généralement, trop tard. Les faiseurs de guerre nous assurent que ces histoires n’ont rien à voir avec la glorieuse et violente entreprise que la nation s’apprête à inaugurer. Et, nous abreuvant du mythe de la guerre et du sentiment de pouvoir qu’elle confère, nous préférons ne pas regarder.

Nous avons été piégés dans une néfaste guerre d’usure, en Irak. Nous nous sommes fourvoyés dans un pays dont nous ne savons guère de chose et qui est la proie d’amères rivalités entre des groupes ethniques et religieux ennemis. L’Irak a été un véritable merdier pour les Britanniques, en 1917, quand ils l’ont occupé. Et ça va en être un autre pour nous aussi. Nous nous sommes embarqués dans une occupation qui va abîmer notre âme tout autant que notre prestige, notre sécurité et notre pouvoir. Nous sommes devenus des tyrans pour d’autres personnes plus faibles que nous. Et nous croyons, à tort, que notre capacité à mener la guerre nous donne le droit de le faire.

Nous façonnons nos héros dans l’argile. Nous encensons leurs actes de bravoure et leur donnons des uniformes avec des rubans de couleur sur leurs poitrines pour les actes de violence qu’ils ont commis ou endurés. Ils sont les faux dépositaires de notre gloire et de notre honneur, ou de notre puissance, ou de la satisfaction que nous pouvons avoir de nous-mêmes, ou de notre patriotisme, ou de notre adoration onaniste, ou de tout ce que nous sommes disposés à croire de nous-mêmes. Ils sont nos saints de plâtre de la guerre, les icônes que nous encourageons à nous défendre afin de nous apporter la grandeur, à nous et à notre nation. Ils sont les supports de notre religion civique, de notre amour du pouvoir et de la force, de notre foi en notre droit, en tant que nation élue, d’exercer cette force sur les faibles et de les dominer. Telle est l’idolâtrie de notre nation vis-à-vis d’elle-même. Et cette idolâtrie a corrompu les institutions religieuses, non seulement chez nous, mais dans la plupart des nations, au point qu’il nous est devenu impossible de séparer la volonté de Dieu de celle de l’État.

Les prophètes ne sont pas ceux qui parlent de piété et de devoir depuis leur chaire – il n’est guère de gens de chaire qui vaillent la peine qu’on les écoute – mais ce sont les épaves meurtries, hommes et femmes, qui reviennent de l’Irak et qui prononcent les discours hésitants que nous ne voulons pas entendre, ces mots que nous devrions pourtant écouter afin d’apprendre à nous mieux connaître. Ils nous disent que la guerre est un immense vide sans âme. Ils ont vu et ressenti à quel point la guerre pouvait nous plonger dans la perversion et le traumatisme, dans une orgie débordante de mort. Et ce sont leurs témoignages qui ont le pouvoir rédempteur de nos sauver de nous-mêmes.

Note

(1) Curveball : pseudonyme attribué par la CIA à Rafid Ahmed Alwan, un citoyen irakien qui avait fui l’Irak en 1999, prétendant qu’il avait travaillé en qualité d’ingénieur chimiste dans une usine qui fabriquant des laboratoires mobiles d’armes biologiques dans le cadre du programme irakien d’armes de destruction massive. Le rapport définitif de l’Irak Survey Group a démenti formellement ces affirmations en 2004.


Copyright 2008 Chris Hedges


Chris Hedges est l’ancien responsable du bureau du Moyen-Orient du New York Times. C’est un ancien lauréat du prix Pulitzer.


Traduit de l’anglais par Jean-Marie Flémal pour Investig’Action

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