[Transfer_info] REPORTAGE : Bien avant Israël, les Juifs avait un Etat rien que pour eux... le Birobidjan !
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Sujet: | [Transfer_info] REPORTAGE : Bien avant Israël, les Juifs avait un Etat rien que pour eux... le Birobidjan ! |
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Date: | Fri, 7 Mar 2008 11:08:12 +0100 |
De: | Zayd.id mailto:aziz.idy@gmail.com |
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L'Etat juif du bout du monde
Vendredi 29 février 2008
Situé à 6 000 kilomètres à l'est de Moscou, Birobidjan fut donné aux Juifs de Russie par Staline dans les années 1920. Cette enclave au cœur de la Sibérie orientale existe toujours et prospère. (Reportage : S. de Saint Hippolyte, J. Bodin)
"Reporters", présenté par Antoine Cormery, est un magazine hebdomadaire consacré aux enquêtes réalisées par des journalistes de FRANCE 24 et par des correspondants à l'étranger. Retrouvez l'émission le vendredi à 10 h 15 et 18 h 30 (GMT+1), et le samedi à 7 h 40 (GMT+1).
Lisez ci-dessous le carnet de route de Stanislas de Saint Hippolyte et Johan Bodin, rédigé lors de leur reportage sur le Birobidjan
Je ne comprends toujours pas pourquoi le directeur de la rédaction de France 24 a accepté. Je lui avais dit il y a quelques mois :
« - J'ai entendu parler d'un petit état juif créé par Staline dans les années 20. » « C'est au bout du monde », j'ai ajouté, « à la frontière entre la Sibérie et l'Extrême-Orient…». Sans trop y croire, j'ai demandé : « Ca t'intéresse ? »
Mon directeur m'a regardé dans les yeux. Il a dit oui.
Au début j'ai pensé que c'était une blague. Mais là je viens de boucler ma valise. J'ai eu un mal fou à trouver des chaussettes polaires et une Kipa.
Jeudi 7 février - La moitié du globe en un jour
Premier constat : l'Etat autonome juif du Birobidjan (c'est le nom officiel) est très loin. Nous décollons de Paris au petit matin. Au déjeuner, nous sommes à Moscou, avec un premier décalage horaire. Nouvel avion, en ligne intérieure russe. Direction Khabarovsk, à la Frontière chinoise. 9 heures de vol à contresens de la planète. On est déjà vendredi quand nous atterrissons. Nous montons dans le mythique transsibérien. Après 300 kilomètres de Taïga, on ne sait plus très bien où nous sommes ni l'heure qu'il est. Nous avons faim. Nous avons sommeil. Je crois que nous avons trouvé le bout du monde.
Notre contact nous attend devant la gare. « Je m'appelle Anatole Yakovlevitch Rabinovitch. Pour ne rien vous cacher, je suis juif ». L'Etat du Birobidjan est un drôle d'endroit. Ici les Juifs ne représentent que quelques pourcents de la population, mais la tradition est fortement ancrée. Le monument devant la gare est une Menora, un chandelier à sept branches. L'adresse de notre hôtel, c'est avenue Shalom Aleichem. Pour la première fois j'apprends qu'il existe de la vodka kacher.
C'est une autre vodka que nous ont fait goûter nos hôtes, hier : de la vodka chinoise, à 60 degrés. Un bon moyen pour passer le grand hiver sibérien. Malgré un réveil difficile, il nous faut reprendre nos esprits : la venue d'une équipe de reporters français est un événement ici. Nous donnons une conférence de presse. Les journalistes du Birobidjan Stern, le quotidien local en russe et en Yiddish, ainsi qu'une quinzaine de confrères, radio et télé compris, veulent savoir pourquoi, quand on habite Paris, on s'intéresse au Birobidjan. Ils veulent aussi notre avis sur Carla Bruni.
Notre reportage avance à grands pas, mais aujourd'hui, au déjeuner, nous devons faire une pause. Nous sommes invités à déjeuner chez le Pope. La table est couverte de salades russes, de pâtés et de poissons, mais c'est surtout ce petit goût de XIXe siècle qui nous frappe. Le pope et son adjoint ont de longues barbes, des colliers d'or et des manières de seigneur. Des babouchkas s'empressent pour le service. Nous sommes admirablement bien reçus. Ne serait l'éclairage électrique, nous pourrions être dans un roman de Dostoïevski.
Derrière sa caméra, Johan est d'accord. Depuis tout petit, on imagine que l'enfer doit ressembler à ça : travailler dans une usine de métal, au fin fond de la Sibérie.
Nous avons passé l'après-midi avec des métallos, dans un gigantesque hangar qui sentait le plastique brûlé et la suie. A 5 heures, on a salué les ouvriers qui rentraient chez eux retrouver leurs enfants. J'ai déjà vu des visages beaucoup plus malheureux dans le métro parisien.
C'est un peu une déception pour nous : il ne fait pas très froid (-20°C au mieux), et ici, on n'a jamais vu aussi peu de neige en hiver. Les gens accusent le réchauffement climatique. Moi ça me rappelle la Bourgogne en hiver. Reste l'impression sidérante d'être adossé au plus grand désert humain de la planète : la Taïga qui s'étale devant nous au nord sur des milliers de kilomètres. Plus loin encore, c'est le cercle polaire. Même s'il y a peu de neige, ça change de la Bourgogne.
Notre reportage sur « L'état juif du bout du monde » est terminé, nous avons regagné Khabarovsk, la métropole voisine. 600.000 habitants, qui vivent sur les rives du Fleuve Amour. Nos cœurs de français s'emballent devant ce nom de rivière si poétique, et nous décidons d'aller voir l'Amour de plus près. L'Amour est beau, mais l'Amour est dur et froid. Le fleuve est pris dans les glaces. Avec nos grosses chaussures, on a marché sur l'Amour.
L'impression est curieuse : le matin nous sommes sur le marché de Khabarovsk, nous achetons des poissons fumés pêchés dans l'Amour ; le soir nous dînons à Paris, c'est la Saint Valentin. Magie du décalage horaire, notre jeudi aura duré 33 heures. Malgré le confort de la business class, il y avait dans l'avion un air de « Hélas, c'est-déjà-fini ». Et une odeur tenace de poisson fumé.
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